Emmanuel Macron fait face ce mardi à la première mobilisation sociale de son quinquennat avec l'appel à des grèves et manifestations partout en France lancés par des syndicats qui qualifient la réforme du Code du travail de "régression sociale".
Côté transports, entre 50 et 80% des lignes SNCF étaient assurées en banlieue parisienne, quand le trafic TGV était normal. Et 2 trains sur 3 circulaient sur le RER A et 1 sur 2 sur le B, tandis que les métros roulaient normalement. La compagnie aérienne Ryanair (LON:RYA) a, elle, annoncé l'annulation de 110 vols.
Dès le matin, des camions de forains ralentissaient l'autoroute A13, provoquant d'importants embouteillages, et à Paris, plusieurs dizaines d'entre eux perturbaient la circulation.
"Ce n'est pas une loi du travail, c'est une loi qui donne les pleins pouvoirs aux employeurs", a critiqué Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, qui a dit sur France 2 attendre "du monde" avec près de 200 manifestations et 4.000 appels à la grève.
Plafonnement des indemnités prud'homales, fusion des instances représentatives du personnel dans les entreprises, réforme du compte pénibilité, place accrue à l'accord d'entreprise...: ce projet reprend plusieurs promesses de campagne du président Macron.
Si pour le Medef et la CGPME, il va "déverrouiller la peur d'embaucher", les syndicats y voient un texte "libéral" dans le prolongement de la très décriée loi travail. Hasard du calendrier, l'appel de mardi intervient presque un an jour pour jour après la toute dernière mobilisation contre ce texte promulgué en 2016.
Face à un front syndical désuni, le chef de l'Etat, qui sera au même moment dans les Petites Antilles dévastées par l'ouragan Irma, n'a pas l'intention de céder. S'agaçant de voir que les "Français détestent les réformes", il voit dans celle-ci le moyen de "gagner la bataille du chômage de masse" en France, actuellement à 9,5% de la population active.
L'enjeu est d'autant plus important qu'il envisage d'autres réformes sociales importantes dans les mois à venir: assurance chômage, apprentissage, formation professionnelle et retraites.
La séquence est toutefois délicate pour le président de la République, en chute dans les sondages depuis l'été, après l'annonce de mesures impopulaires comme le rétablissement du jour de carence ou le coup de rabot sur les aides au logement, rappellent les politologues.
- "Démonstration de faiblesse" -
Pour maintenir la pression, la CGT a déjà appelé à une autre mobilisation, le 21 septembre, à la veille de la présentation du projet en Conseil des ministres et deux jours avant celle de La France Insoumise.
Si FO ne s'associe pas à la fronde de la CGT, de la FSU, de Solidaires et de l'Unef, contrairement à la loi travail en 2016, une partie de ses militants ont décidé de défiler.
Les cortèges comprendront aussi certaines sections de la CFDT, de la CFE-CGC, de la CFTC ou de l'Unsa, qui ne comprennent pas que leurs directions nationales, pourtant très critiques à l'égard du projet, ne s'associent pas à l'appel.
"La CFDT sait organiser des manifestations, elle en organisera peut-être dans les mois à venir s'il y a besoin, mais on n'a pas besoin de faire une démonstration de faiblesse", a expliqué Laurent Berger, numéro un de la CFDT, qui appelle à "se battre maintenant sur le dialogue social (...) dans les entreprises".
Des politiques de l'opposition viendront gonfler les rangs des défilés, à Paris et en régions. Jean-Luc Mélenchon doit battre le pavé à Marseille contre ce qu'il qualifie de "coup d'Etat social".
A Paris, l'ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, Olivier Besancenot (NPA) ou encore Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, défileront dans le cortège, qui doit partir à 14H00 de Bastille pour se diriger vers place d'Italie.
Alors que des violences avaient parasité les manifestations contre la loi travail, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, craint des "débordements". Il a renvoyé la responsabilité "aux organisateurs", assurant que la CGT avait un "savoir-faire" en la matière.
En 2016, le gouvernement Valls et les syndicats s'étaient déjà renvoyé la balle à propos de leurs responsabilités respectives concernant la sécurité des défilés.
La préfecture de police de Paris n'a pas souhaité commenter les moyens déployés.