Le pétrole importé en France n'a jamais été aussi cher, atteignant 85,5 euros le baril en moyenne en avril, une mauvaise nouvelle pour le pouvoir d'achat des Français alors que les prix à la pompe battent record sur record depuis plusieurs semaines.
Dans une note publié vendredi, l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) indique que le prix du baril de Brent de la Mer du Nord a poursuivi sa hausse le mois dernier (+7,9%), pour s'établir à 123,6 dollars en moyenne.
A ce niveau, l'or noir est encore à près de 10 dollars de ses niveaux historiques de juin et juillet 2008.
Mais entre-temps, la monnaie européenne s'est affaiblie (-7%), renchérissant le prix des marchandises importées vers le Vieux Continent.
Le prix du baril exprimé en euros a ainsi pu enfoncer de quelques dizaines de centimes son record de juin 2008, établi à 85,2 euros.
Sur les trois derniers mois, le prix du pétrole en euros a augmenté de 18,6%. Sur un an, la hausse atteint même 35,3%.
La monnaie unique, même plus frêle qu'en 2008, n'en continue pas moins de jouer son rôle d'amortisseur des flambées de l'or noir. Exprimée en dollars, la hausse des cours du pétrole est en effet nettement plus violente: +28,2% sur trois mois et +45,7% sur un an!
"La reprise économique et la forte croissance de la demande mondiale de pétrole, en particulier des pays émergents et de la Chine notamment, expliquent en partie la poursuite de la hausse des cours", remarque la Direction de la concurrence (DGCCRF) du ministère de l'Economie dans son observatoire des prix et des marges publié vendredi.
"Les tensions géopolitiques dans certains pays producteurs de pétrole (Libye et pays du Golfe persique) contribuent également à l'augmentation des cours du pétrole brut", ajoute la DGCCRF.
Dans ce contexte, les prix de l'essence à la pompe ont atteint un nouveau sommet la semaine dernière, le litre de super sans plomb 95 dépassant 1,54 euro par litre. Depuis début mars, l'essence enchaîne record sur record, presque chaque semaine.
Et alors que le patron de Total, Christophe de Margerie, a récemment jugé inéluctable un prix de 2 euros/litre à terme à l'avenir, certaines stations-service pratiquent déjà des tarifs proches de ce seuil symbolique.
Ainsi, deux d'entre elles, dans le XVIe arrondissement de Paris et aux Lilas (Seine-Saint-Denis), vendaient vendredi le litre de sans-plomb 98 au prix de 1,89 euro, selon le site carbeo.com.
Si les prix de l'essence explosent, le prix du gazole, carburant le plus vendu en France avec 80% de la consommation, reste cependant près de 10 centimes en dessous de ses niveaux historiques de mai 2008 à 1,4541 euro/litre.
Et d'une manière générale, les prix des carburants sont en France parmi les moins élevés d'Europe hors taxe, en raison de la forte concurrence qui oppose la grande distribution et les pétroliers sur ce marché.
Le prix du gazole français est 3,5 centimes inférieur au prix moyen de la zone euro, selon la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) du ministère de l'Ecologie.
Toutes taxes comprises, l'écart se réduit toutefois à moins de deux centimes. Les taxes (TIPP, TVA) représentent en France près de 50% du prix du gazole.