Malgré une croissance revue en baisse, Rome assure que de nouvelles mesures de rigueur ne seront pas nécessaires mais les économistes en doutent et craignent en outre que Silvio Berlusconi ne soit trop fragilisé pour adopter les réformes structurelles nécessaires.
Le gouvernement a fortement révisé en baisse jeudi ses prévisions de croissance à 0,7% pour 2011 contre 1,1% auparavant, 0,6% pour 2012 contre 1,3%, 0,9% pour 2013 contre 1,5% et 1,2% pour 2014 contre 1,6%.
Soit au total deux points de PIB de moins d'ici 2014 que ce qu'il prévoyait en avril, à cause du ralentissement économique mondial et de l'impact des mesures d'austérité.
Mais malgré cette "croissance plus faible", le gouvernement assure que le plan d'austérité draconien adopté la semaine dernière sera "amplement suffisant" pour atteindre l'objectif d'un équilibre budgétaire en 2013, excluant de fait la nécessité de nouvelles mesures.
Selon ses prévisions, le budget sera presque totalement à l'équilibre en 2013 avec un déficit de 0,1% du PIB, contre un déficit de 3,9% prévu cette année, et l'Italie devrait ensuite enregistrer un excédent de 0,2% en 2014.
La dette publique colossale devrait de son côté encore progresser à 120,6% du PIB cette année avant de commencer à diminuer en 2012.
Mais les économistes doutent que le gouvernement réussisse à tenir ses objectifs sans adopter d'autres mesures de rigueur.
"Un ajustement, d'un montant compris entre 8 et 10 milliards d'euros, sera nécessaire", estime Fabio Fois de Barclays Capital tandis que Giada Giani de Citigroup pense que "le déficit sera autour de 1% en 2013" et que la correction budgétaire devra porter sur "une quinzaine de milliards".
Les prévisions de croissance de Rome restent en effet plus optimistes que celles du FMI par exemple qui mise sur une croissance de 0,6% en 2011 et de 0,3% en 2012 et donc sur un déficit public de 1,1% en 2013. Standard and Poor's, qui vient d'abaisser la notation de l'Italie, n'exclut pas de son côté une récession l'an prochain dans la péninsule.
Selon les économistes, l'urgence est donc à l'adoption de réformes structurelles mais Silvio Berlusconi et sa majorité semblent trop fragilisés pour mener à bien cette tâche.
"La popularité du gouvernement est en baisse et il sera donc difficile pour lui d'adopter des réformes du marché du travail, de la compétitivité, des retraites", souligne Fabio Fois.
Le gouvernement planche sur le sujet et a promis l'adoption très prochainement de mesures sur les infrastructures ou la libéralisation de l'économie. Mais Giada Giani, sceptique, ne voit pas "pour le moment de réformes très ambitieuses sur la table".
Depuis la dégradation de la note de l'Italie par Standard and Poor's, les appels à la démission de Silvio Berlusconi, accusé de se préoccuper davantage de ses ennuis judiciaires que de la crise, se multiplient, notamment au sein du patronat.
Le Cavaliere est empêtré dans de nouvelles informations embarrassantes sur un scandale de prostitution. Par ailleurs, le parquet de Milan, ville où M. Berlusconi est déjà jugé dans trois procès, a demandé jeudi son jugement pour une affaire d'écoutes téléphoniques de personnalités de gauche.
Silvio Berlusconi, qui s'est assuré du soutien d'Umberto Bossi, son allié de la Ligue du Nord, n'a toutefois aucune intention d'abandonner le palais Chigi, siège du gouvernement. "Nous travaillons pour faire au mieux", a-t-il assuré jeudi.
Signe de la cohésion de la majorité, la Chambre des députés a rejeté jeudi une demande d'arrestation d'un député de la droite au pouvoir, ex-conseiller du ministre de l'Economie, Giulio Tremonti.