La deuxième banque allemande Commerzbank a rassuré jeudi en annonçant que sa recapitalisation était en bonne voie, avec 57% de ses besoins de fonds propres supplémentaires déjà couverts, et a publié un résultat annuel flatteur mais gonflé par des gains exceptionnels.
A fin 2011, Commerzbank avait déjà réuni 3 milliards d'euros sur les 5,3 milliards exigés par le superviseur bancaire européen (EBA) pour sa recapitalisation, grâce à une réduction de ses actifs à risque et la mise en réserve de 1,2 milliard d'euros de bénéfices enregistrés au quatrième trimestre.
Mais Commerzbank veut dépasser le niveau requis par l'EBA et rassembler au total 6,3 milliards d'euros d'ici la date butoir du 30 juin, pour arriver à un niveau de fonds propres "durs" (core tier one) de 11%. L'EBA a exigé un seuil minimum de 9% pour les banques européennes jugées "systémiques".
Comme les quelque 70 autres banques européennes pour lesquelles EBA a identifié un besoin de recapitalisation, Commerzbank doit remettre son plan au gendarme financier national, en l'occurence en Allemagne le BaFin, qui doit ensuite le transmettre au superviseur européen qui se prononcera à son tour le 27 janvier.
Les avancées de son plan de recapitalisation et sa volonté d'aller encore plus loin que les voeux de l'EBA étaient unanimement saluées à la Bourse de Francfort, où l'action Commerzbank prenait 13,54% à 1,60 euros à 14H00 GMT, largement en tête de l'indice Dax (+0,58% à la même heure).
"C'est une surprise clairement positive, Commerzbank est sur le bon chemin" a estimé pour l'AFP l'analyste Philipp Hässler d'Equinet.
"Le fait que la banque veuille générer 6,3 milliards d'euros de fonds propres durs, soit 1 milliard de plus que ce qui lui est demandé, est également positif car la banque aura ainsi un coussin de sécurité si jamais quelque chose brûle en Grèce ou ailleurs", a-t-il ajouté.
Pour y arriver, la banque prévoit de continuer à réduire fortement ses actifs à risque ou non stratégiques, et de mettre de nouveau de côté 1,2 milliard de bénéfices au cours du premier semestre.
"D'autres options" sont par ailleurs disponibles si nécessaire, comme la conversion de capitaux hybrides en fonds propres, a-t-elle précisé. Dans ce cas de figure son premier actionnaire privé, l'assureur Allianz, pourrait être mis à contribution.
Les discussions avec Allianz sont "constructives", s'est contenté de déclarer son patron Martin Blessing lors d'une conférence de presse à Francfort (ouest).
Depuis des semaines, les rumeurs se multipliaient sur la capacité ou non de la banque à remplir les exigences de l'EBA sans faire de nouveau appel à l'aide publique et à procéder à une augmentation de capital.
En 2009 l'Etat fédéral avait massivement secouru la banque en détresse en raison de la crise financière, et il détient depuis une part de 25% plus une action de son capital, ce qui en fait son premier actionnaire.
En 2011 Commerzbank a réalisé un bénéfice net de 1,6 milliard d'euros, contre 1,4 milliard d'euros en 2010, selon des chiffres provisoires annoncés jeudi lors d'une conférence de presse à son siège de Francfort.
Le résultat est "supérieur aux attentes", s'est félicité M. Blessing, mais en réalité l'essentiel des bénéfices provient de gains exceptionnels au quatrième trimestre.
Commerzbank y a en effet dégagé 735 millions d'euros grâce à des plus-values lors du rachat de ses propres titres de dette, a gagné 50 millions d'euros en vendant l'ancien siège de Dresdner Bank à Francfort et prévoit 150 millions d'euros de gains issus de la vente de sa part au capital de la banque russe Promsvyazbank (14,4%).
L'option de vente sera activée fin janvier mais prise en compte rétroactivement dans les comptes du groupe du quatrième trimestre, a précisé Eric Strutz, son directeur financier.
Ainsi au final, les bénéfices provenant des activités opérationnelles du groupe ont été maigres au quatrième trimestre: 300 millions d'euros.
Le groupe doit publier ses résultats annuels définitifs le 23 février.