Le ralentissement de l'économie "n'est pas une excuse pour cesser de mettre de l'ordre dans nos finances publiques", a déclaré jeudi à Washington le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Il a aussi assuré que les Européens ne permettraient pas un "défaut incontrôlé" de paiement de la Grèce, ni sa sortie de la zone euro car cela "provoquerait des dégâts économiques et sociaux énormes" dans "toute l'Union européenne", avec des "répercussions graves pour l'économie mondiale".
"L'Union européenne n'abandonnera pas la Grèce", a-t-il insisté lors d'un discours au Peterson Institute, un centre de recherche de la capitale américaine.
Evoquant les divergences entre Américains et Européens sur la gestion de la crise actuelle, alors que les Etats-Unis appellent à de nouvelles mesures de relance de la croissance, il a affirmé: "La position de l'UE est claire. Le ralentissement n'est pas une excuse pour cesser de mettre de l'ordre dans nos finances publiques".
Selon lui, "c'est nécessaire pour rétablir la confiance".
Répondant aux "éminents économistes" qui "demandent une relance agressive" de l'économie, il a ajouté: "Dans certains pays, il n'y a simplement plus de marges de manoeuvre" pour cela.
Cela étant, certains Etats européens qui disposent de maigres marges de manoeuvre peuvent à ses yeux laisser agir les "stabilisateurs automatiques" pour contenir le ralentissement de l'activité.
"Mais ces pays aussi doivent poursuivre leurs objectifs budgétaire de moyen terme", a lancé Olli Rehn.
Le soutien à la croissance doit passer selon lui par des "réformes structurelles" du marché du travail, des systèmes de retraite, de santé et d'éducation.
Le responsable européen semble ainsi opposer une fin de non recevoir au secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner qui a estimé jeudi que la lenteur de la croissance économique était un défi "plus grand" que celui de la dette et que les Etats du monde entier devaient donner la priorité au soutien à la croissance.
Selon le commissaire européen, qui se trouve à Washington pour les assemblées du FMI et la réunion des grands argentiers du G20, le groupe des principaux pays riches et émergents, les Etats-Unis peuvent se permettre de soutenir la croissance car ils "continuent de bénéficier de la confiance des marchés".
"Pour autant, aux Etats-Unis aussi, des mesures doivent être prises pour améliorer la viabilité des finances publiques sur le long terme. Plus l'action sera forte sur ce front, moins il y aura besoin de consolidation sur le court terme", a-t-il estimé.
Olli Rehn en a donc appelé aux partenaires du G20, et notamment les grandes puissances émergentes, pour qu'ils "accroissent leur efforts de rééquilibrage de la demande globale, y compris via des taux de change déterminés par le marché", une allusion claire au yuan chinois accusé d'être artificiellement sous-évalué pour doper les exportations de Pékin.
Le sommet du G20 à Cannes (sud-est de la France) les 3 et 4 novembre "doit aboutir à un plan d'action ambitieux pour faire en sorte que la reprise mondiale ne déraille pas", a-t-il déclaré.