Finies les "baronnies"? Veolia Environnement a annoncé vendredi une nouvelle organisation par zones géographiques et non plus par activités (eau, déchets, services à l'énergie) qui doit lui permettre de faire des économies supplémentaires à l'horizon 2014-2015.
Du fait de "cette nouvelle étape de la transformation", l'objectif de réduction de coûts du numéro un mondial de l'eau est porté à 400 millions d'euros en 2014 et 750 millions d'euros en 2015, a expliqué son PDG Antoine Frérot lors d'une conférence téléphonique de présentation des résultats du premier trimestre.
C'est 130 millions et 280 millions d'économies de plus à trouver l'an prochain et en 2015 respectivement pour le géant tricolore des services à l'environnement, engagé depuis 2011 dans une grande cure d'amaigrissement et de désendettement.
"Nous allons continuer à optimiser les moyens et donc les effectifs du groupe et cette nouvelle organisation, puisque nous n'aurons qu'un seul Veolia par pays, va nous permettre cette adaptation", a-t-il notamment fait valoir.
Outre des économies, ce projet d'une organisation "plus simple et plus réactive", doit également permettre, selon Veolia, "d'adapter le groupe aux nouvelles caractéristiques de ses marchés et de ses clients", au moment où l'entreprise cherche à accroître sa part à l'international et auprès des industriels.
A la Bourse de Paris, l'annonce d'un nouveau tour de vis sur les dépenses a été saluée et en milieu de matinée, le titre Veolia gagnait 2,16% à 10,66 euros. Les analystes s'attendaient certes à des efforts supplémentaires, mais pas autant, a souligné Julien Desmaretz, analyste chez Bryan Garnier.
L'activité est pourtant restée morose au premier trimestre: le chiffre d'affaires a reculé plus qu'attendu (-4%, à 5,76 milliards d'euros) du fait d'un recul similaire tant dans l'eau que dans les déchets. Le bénéfice opérationnel récurrent est lui ressorti au niveau des attentes, à 405 millions d'euros.
Dalkia: pas d'avancée avec EDF
La baisse des ventes s'explique par l'impact négatif du ralentissement économique sur les volumes de déchets (-3% environ) et le prix des matières recyclées. Dans l'eau, le recul tient au fléchissement des travaux réalisés pour les collectivités et "l'érosion contractuelle" en France, selon le groupe.
Les bénéfices sont "en repli essentiellement à cause de nos activités françaises et allemandes", a précisé M. Frérot, alors que le groupe a récemment annoncé 1.500 suppressions d'emploi dans l'Hexagone chez Veolia Eau.
Les ventes des services à l'énergie (hors Dalkia International du fait d'un changement de normes comptables) sont eux restés quasiment stables (-0,6%).
Cette tendance médiocre devrait se poursuivre dans les mois à venir, a estimé le directeur financier Pierre-François Riolacci.
"Il n'y a pas de forte détérioration par rapport à ce que nous avons connu au second semestre de l'an dernier, c'est toujours un climat atone, pas un fort déclin. Nous pensons que cela va se prolonger de cette façon aux deuxième et troisième trimestres", a-t-il dit aux analystes.
Au sujet de la dispute avec EDF sur Dalkia, les discussions "n'ont pas évolué" récemment depuis un premier accord en février concernant le financement de la coentreprise, obtenu après l'intervention d'un mandataire, a indiqué M. Frérot.
Le numéro un de Veolia a par ailleurs précisé que, "comme l'Etat et la SNCM", Veolia allait contester la décision de Bruxelles d'ordonner le remboursement de 220 millions d'euros d'aides d'Etat par la compagnie maritime en difficulté, codétenue avec la Caisse des Dépôts (CDC) et dont il doit prendre prochainement le contrôle.
"Dès lors que nous contesterons cette décision, bien évidemment, nous n'envisageons pas de payer", a souligné le PDG de Veolia.
Confrontée à une trop lourde dette, l'ex-Générale des Eaux mène depuis deux ans d'importantes cessions et le désengagement progressif de sa division de transport collectif Transdev, détenue avec la CDC.
M. Frérot a confirmé viser "1 milliard d'euros à peu près" de cessions supplémentaires cette année. Veolia a cédé début 2013 ou est en passe de céder des petites activités: au Portugal, au Maroc ainsi que le réseau de bus de Transdev en Europe Centrale.
Grâce notamment à une récente émission de dette hybride comptabilisée comme des fonds propres, la dette a été ramenée à 10,1 milliards d'euros fin mars, contre 10,8 milliards (chiffre retraité, NDLR) fin décembre.
Fin 2013, Veolia aura atteint son objectif de ramener sa présence à 40 pays, a promis son PDG, contre 48 actuellement et plus de 70 début 2011.