Une réunion des ministres des Finances de l'Union européenne qui devait se tenir mercredi juste avant le sommet sur la crise de la dette a été annulée, créant des remous sur les marchés, même si selon des diplomates la décision n'est pas liée au contenu des négociations.
"La présidence (du Conseil) a décidé de ne pas convoquer un Ecofin mercredi", a affirmé un porte-parole de la présidence polonaise de l'Union européenne sans donner d'explications.
Il n'y aura donc, contrairement à ce qui avait été un temps envisagé, ni réunion préparatoire des ministres des Finances de la zone euro, ni réunion des ministres de l'UE avant le double sommet de mercredi : celui d'abord des chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne, à partir de 18H00 (16H00 GMT), puis dans la foulée celui des dirigeants des seuls dix-sept pays de la zone euro.
En revanche, la tenue de réunions de suivi à court terme au niveau ministériel n'est pas exclue après mercredi.
"De nouveaux travaux au niveau des ministres des Finances vont être menés en prenant en compte l'issue du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement", souligne un communiqué de la présidence polonaise.
L'annonce impromptue de l'annulation a provoqué temporairement de l'agitation sur les marchés boursiers, où elle a été interprétée comme un signe de blocage dans les négociations en cours entre pays de la zone euro visant à apporter lors du sommet une réponse décisive pour stopper la contagion de la crise.
Toutefois, selon plusieurs diplomates, cela n'est pas le cas. Même s'ils reconnaissent que le moment choisi pour faire l'annonce était inapproprié.
Selon l'un d'eux, la réunion envisagée ne se tiendra pas car "il a été estimé qu'il n'y avait pas la matière, que ce n'était pas nécessaire" de convoquer les ministres de toute l'UE.
Le dossier est géré à ce stade directement par les chefs d'Etat et de gouvernement. En outre, les 27 pays de l'UE ne sont impliqués dans les travaux sur le règlement de la crise de la dette que pour les questions qui les concernent, à savoir la recapitalisation des banques qui a déjà fait l'objet d'un accord de principe des ministres des Finances samedi.
Ces derniers étaient alors convenus du besoin de recapitaliser les banques européennes à hauteur de 108 milliards d'euros environ pour leur permettre d'amortir le choc de la forte restructuration de la dette grecque qui se profile, avec des pertes de l'ordre de 50% pour les établissements financiers créanciers.
"Il n'y avait aucune raison de les reconvoquer, sauf pour faire plaisir aux ministres des dix pays de l'UE non membres de la zone euro et franchement ça n'en vaut pas la peine", dit un diplomate.
La décision d'annuler la réunion suscite du coup une certaine irritation chez les dix pays concernés. Ils se sentent exclus des décisions importantes liées à la crise de la dette, selon un diplomate, et l'avaient fait savoir dimanche lors du précédent sommet européen, Grande-Bretagne en tête.
Ces pays s'étaient alors plaints de la volonté croissante des Etats utilisant la monnaie commune de prendre des décisions sans les consulter.