La banque BNP Paribas, malmenée en Bourse en début de semaine et objet de rumeurs, a repris la main mercredi en dévoilant une série de mesures et d'objectifs qui intègrent le nouveau cadre réglementaire, tout en s'attachant à rassurer sur son exposition aux titres d'Etat.
Le groupe a d'abord assuré que l'impact d'un alignement de la valeur de ses titres d'Etat grecs, portugais et irlandais sur les prix de marché actuels, incluant de fortes décotes, serait "gérable".
Un scénario qui laisse entrevoir ce que pourrait engendrer une réduction plus marquée de la dette grecque pour sauver le pays de la banqueroute, scénario hypothétique mais communément débattu ces jours-ci.
Un alignement de la valeur des obligations souveraines grecques laisserait une facture de 1,7 milliard d'euros, selon des documents publiés mercredi.
Le portefeuille de titres d'Etat grecs dont la valeur n'est pas encore alignée sur celle du marché atteignait 4 milliards d'euros à fin juin, mais a déjà fait l'objet d'une provision de 534 millions liées à la participation au nouveau plan de soutien à la Grèce.
La banque possédait, en outre, 400 millions d'euros de titres d'Etat irlandais, 1,4 milliard d'obligations souveraines portugaises, 20,8 milliards d'euros de titres d'Etat italiens et 2,8 milliards d'obligations publiques espagnoles.
Ce discours qui se veut rassurant a été validé mercredi par l'agence de notation Moody's, qui a maintenu inchangée la note de BNP Paribas, alors qu'elle a abaissé celles de Société Générale et de Crédit Agricole SA.
Sur le plan stratégique, l'établissement entend notamment réduire la taille de son bilan dans certaines activités ainsi que ses besoins de liquidités en dollars.
BNP Paribas annonce, au passage, avoir déjà diminué de 22 milliards de dollars ses besoins de liquidités en dollars, grand sujet pour les banques européennes depuis le début du mois d'août, marqué pas le désengagement partiel des fonds monétaires américains.
Elle a catégoriquement démenti mardi des propos prêtés à un de ses cadres anonyme dans le Wall Street Journal, faisant état d'une incapacité de la banque française à trouver des liquidités en dollars, et a demandé au gendarme de la Bourse, l'AMF, l'ouverture d'une enquête.
Pour abaisser encore davantage ses besoins, la banque française prévoit de céder certains actifs ou de se défaire de certaines activités.
Concernant la taille de son bilan, la banque indique s'être déjà désengagé, depuis le début de l'année, d'activités nécessitant un financement à long terme sans perspectives de ventes croisées (équiper un client de plusieurs services ou produits).
Elle a également mis un terme à certains métiers où les tarifs ne pouvaient pas être revus à la hausse pour tenir compte du renchérissement du coût de la ressource.
Par ailleurs, le groupe prévoit de réduire ses activités spécialisées dans les prêts hypothécaires en Hongrie, aux Pays-Bas, en Norvège, en Espagne et en Suisse, ainsi que le courtage de prêts hypothécaires en France.
Fort de ces mesures, le groupe a revu à la hausse son objectif de ratio de fonds propres "durs" (capital social et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits) à l'horizon 2013, qui marquera l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III.
Il table désormais sur 9%, alors qu'il visait seulement jusqu'ici un ratio "nettement supérieur à 7%" à cette échéance, selon les propos de son directeur général Baudouin Prot en novembre 2010.