Le transporteur Sernam, menacé de faillite après après des années de pertes, va demander mardi au tribunal de commerce de Nanterre à être placé en redressement judiciaire, dans l'espoir de retrouver un repreneur capable de le remettre sur les rails.
"Ce matin (lundi), lors d'un comité d'entreprise extraordinaire, la direction de l'entreprise a informé les représentants du personnel que le groupe Sernam allait se placer sous la protection d'une procédure collective", indique Sernam dans un communiqué.
Selon le groupe, qui emploie 1.600 salariés, cette procédure déclenchée "à sa demande" a pour objectif de "permettre à l'entreprise de poursuivre son activité dans un cadre juridique sécurisé, tout en facilitant l'aboutissement du projet d'adossement industriel annoncé en novembre dernier".
Une audience doit se tenir mardi matin au tribunal de commerce de Nanterre, précise Sernam qui annonce qu'une "nouvelle communication sera faite à l'issue de l'audience".
Les fédérations de transports FO et CGT et la CFDT du transporteur ont affirmé vendredi que l'entreprise allait être déclarée en cessation de paiement, puis placée en redressement judiciaire en début de semaine.
En grande difficulté financière depuis plusieurs années, Sernam, ancienne filiale de la SNCF, a enregistré une perte de 15 millions d'euros en 2010 pour un chiffre d'affaires de près de 300 millions d'euros. L'exercice précédent s'était soldé par un déficit d'exploitation de 20,1 millions d'euros pour un volume de ventes de 329 millions d'euros.
Revenir dans le giron de la SNCF
Le Sernam (Service national des messageries) a été créé par la SNCF en 1970 pour gérer le transport des colis et des bagages. Filiale de la compagnie ferroviaire jusqu'en 2005, il est privatisé en 2005 et devient Sernam (sans article).
Butler Capital Partners (BCP), fonds d'investissement spécialisé dans la transformation d'entreprises en difficulté, est depuis 2006 son actionnaire majoritaire avec 52% du capital.
Des informations de presse annoncent toutefois son intention de se désengager après avoir injecté une quinzaine de millions d'euros dans Sernam depuis 2006.
"BCP est toujours aux côtés de la Sernam et a investi tout au long de sa présence en tant qu'actionnaire majoritaire au capital de l'entreprise, et ce jusqu'au mois de janvier 2012, afin d'assurer le financement de cette période intermédiaire délicate", a déclaré à l'AFP une source proche de BCP.
Sernam s'était mis sur les rangs pour reprendre le réseau de messagerie Mory, placé en redressement judiciaire en juin 2011. Mais le groupe n'avait pas été retenu par les juges du tribunal de commerce de Bobigny.
"Après l'échec du rapprochement avec Mory, un conciliateur avait été nommé pour trouver un acteur industriel ou repreneur capable de redonner un élan à Sernam. Cela n'a pas été possible", a poursuivi la même source.
Deux noms de repreneurs circulent toutefois à ce jour, selon les fédérations FO et CGT: Caravelle et Geodis (Fret SNCF).
"Il était prévu qu'après 2009 nous arrivions à l'équilibre mais avec la crise de 2008-2009, cela n'a pas été possible", a déclaré à l'AFP Mohamed Mozaffari, coordinateur CFDT chez Sernam.
Le syndicaliste a précisé que "ni Geodis ni aucune autre entreprise n'ont donné de détails sur des propositions éventuelles de reprise".
Le directeur général de Geodis, Pierre Blayau, a toutefois évoqué lundi dans le quotidien économique Les Echos la possiblité de voir Sernam revenir, sept ans après, dans le giron de la SNCF.
"Nous allons nous inscrire dans la prespective du redressement judiciaire et faire des propositions", a annoncé le dirigeant de la filiale fret de la compagnie publique".