Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a appelé vendredi aux Etats-Unis à ne pas sous-estimer les résultats économiques de l'Europe et l'état de ses finances.
"Nos fondamentaux économiques restent bons. L'Europe est toujours la plus grande économie mondiale" devant les Etats-Unis, a-t-il indiqué lors d'une conférence organisée à New York par la chambre de commerce UE-USA (EACC) et l'agence Bloomberg.
En termes de finances publiques, même si l'Europe reste aux prises avec la crise de la dette, M. Barroso a souligné la "conclusion étonnante" à laquelle aboutissait la comparaison avec les Etats-Unis ou le Japon.
"En terme de ratio dette/PIB, la moyenne européenne de 82,5%, même si elle est trop élevée, est résolument meilleure que celle des Etats-Unis, qui est de presque 103%, ou du Japon, dont la dette est proche de 230% du PIB", a-t-il relevé.
"L'euro n'était pas la raison de la crise" financière, a-t-il encore rappelé, insistant sur le fait que la monnaie européenne était "une devise très stable".
Certains avaient prédit sa fin, mais "je crois que la crise existentielle de l'euro est derrière nous", a-t-il encore dit.
Ces remarques interviennent alors que le nouveau secrétaire d'Etat américain au Trésor, Jacob Lew, a fait lors d'une récente tournée en Europe des appels du pied aux dirigeants européens pour qu'ils infléchissent la cure d'austérité actuelle dans l'UE avec des mesures de relance de la demande, afin de soutenir la croissance.
"Il n'y a pas de désaccord fondamental" sur le besoin de croissance des deux côtés de l'Atlantique, a assuré M. Barroso.
"Mais nous ne pouvons pas le faire avec des stimulus budgétaires" en Europe, a-t-il estimé, soulignant qu'avec 27 Etats-membres, l'UE avait besoin de solutions "sur mesure".
Il a reconnu que l'assainissement des finances pesait sur le PIB de certains pays, mais qu'y renoncer nuirait à la "confiance" et risquerait d'être contre-productif.
M. Barroso a souligné le caractère crucial pour la croissance des négociations sur un accord de libre échange UE-USA, pour lesquelles l'Europe prévoit d'avoir défini son mandat pour l'été.
"Si nous parvenons à arriver à un accord complet, les bénéfices totaux représenteraient une hausse de 0,5% du PIB pour l'Europe et de 0,4% pour les Etats-Unis d'ici 2027", a-t-il rappelé.
"Nous voulons nous rapprocher autant que possible de la suppression de tous les droits de douane, avec un traitement spécial pour les produits les plus sensibles", a-t-il dit.
Parmi les secteurs litigieux figure l'agriculture, avec la question des OGM très utilisés aux Etats-Unis mais controversé en Europe, et la culture, plusieurs pays dont la France réclamant le maintien d'une "exception culturelle".
Il a aussi jugé utile pour l'économie d'avoir "des normes communes, ou au moins un système de reconnaissance mutuelle".