Les soldes d'hiver, terminés mardi, ont été largement décevants pour les commerçants physiques qui blâment la multiplication des promos toute l'année et la concurrence d'Internet, dont la fréquentation a progressé durant la période, surtout sur les premiers jours.
Malgré des promotions attractives dès l'ouverture des soldes le 9 janvier, les cinq semaines de rabais en magasins se terminent sur un bilan plutôt morose pour les commerçants.
En Ile-de-France, 55% des boutiques ont enregistré une baisse de leur chiffre d'affaires par rapport aux soldes de l'an dernier, selon la Chambre de commerce et d'industrie de Paris/Ile-de-France.
Près de la moitié (47%) des commerçants jugent que le panier moyen est en baisse, "le contexte de crise incitant les consommateurs à réduire leur budget", et les clients "privilégiant les achats raisonnés" aux dépens des achats plaisir.
Autre fait marquant cette saison: la fréquentation tend à se concentrer encore davantage sur les tout premiers jours alors que, traditionnellement, elle s'étalait sur l'ensemble de la première quinzaine des soldes.
La barre des 15 millions de visiteurs a ainsi été franchie dès le premier jour dans les centres commerciaux mais, dès le cinquième jour, les entrées avaient régressé de 2,5%.
La deuxième démarque, arrivée très rapidement, dès le 16 janvier, avec des rabais de -70%, et la vague de froid de la mi-janvier, n'auront pas suffi à relancer l'intérêt des consommateurs.
"Après une première journée euphorique, on est passé à un premier week-end moyen, suivi d'un écroulement total en deuxième semaine", avait estimé dès fin janvier Jean-Pierre Mocho, de la fédération française du prêt-à-porter.
"Cela aurait pu être pire"
Cette tendance s'est poursuivie sur l'ensemble des soldes, le secrétaire général de la fédération, François-Marie Grau, n'hésitant pas à parler d'un "bilan globalement négatif avec des paniers moyens en recul, les consommateurs s'étant encore davantage contraints que les autres années" du fait de la crise.
Pour Jean-Marc Génis, de la Fédération des enseignes de l'habillement, les premiers retours des commerçants sur les soldes sont "assez mauvais".
Le président de la fédération nationale des enseignes de l'habillement, Bernard Morvan, évoque un bilan "ni excellent, ni mauvais", soulignant que "cela aurait pu être pire".
Beaucoup de commerçants évoquent comme cause de la faible fréquentation des soldes une concurrence accrue d'Internet qui "propose des produits en plus grand nombre, avec plus de choix".
Les boutiques en ligne ont enregistré une hausse moyenne de 7% sur un an de leurs chiffres d'affaires pendant les soldes, selon la Fevad, les professionnels de la vente à distance.
Certains sites comme Brandalley ou Spartoo affichent même des croissances à deux chiffres - respectivement de 10 et 25%. Showroomprivé.com précise que ces fortes croissances ont été concentrées essentiellement dans les premiers jours.
Les progressions sont toutefois moindres que celles constatées les années précédentes, tempère le site bons-de-reduction.com.
De manière générale, tous les commerçants blâment également la multiplication des promotions et autres ventes privées toute l'année, qui ont "cassé l'engouement", selon M. Mocho, et perturbe la lisibilité des prix pour les consommateurs.
Cette année, les marques n'ont ainsi pas hésité à lancer des réductions de 40% réservées à leurs clients fidèles dès le lendemain de Noël.
"Les consommateurs font maintenant les soldes toute l'année et les prix réduits sont finalement devenus quelque chose de banal", estime M. Grau.
Dans ce contexte, les professionnels disent s'interroger sur la pertinence de la réglementation actuelle des périodes de soldes et attendent "avec impatience" la table ronde promise par la ministre du Commerce, Sylvia Pinel, sur les soldes flottants prévue "fin février".