En Chine, le nombre de milliardaires en dollars a passé cette année pour la première fois le seuil symbolique des 300, selon une étude publiée mercredi.
La deuxième économie mondiale compte précisément 315 milliardaires, soit 64 de plus qu'en 2012, affirme l'institut de recherche Hurun.
Le patron du conglomérat géant Wanda, qui a notamment racheté la chaîne américaine de salles de cinéma AMC, est désormais l'homme le plus riche du pays avec une fortune estimé à 22 milliards de dollars, selon Hurun, dont le classement confirme sur ce point celui de Forbes.
La fortune moyenne des 1.000 Chinois les plus riches s'établit à 1,04 milliard de dollars.
Lei Jun, propriétaire des téléphones portables Xiaomi, a grimpé le plus vite dans le classement avec une fortune multipliée par sept d'une année sur l'autre, à 2,6 milliards de dollars.
L'immobilier est la principale source d'enrichissement des milliardaires chinois, et ce, malgré les efforts du gouvernement pour limiter les achats de propriétés et la flambée des prix.
Mais plusieurs de ces milliardaires ont été rattrapés par des scandales: trois des 10 personnalités les plus riches de 2012 à Chengdu, capitale du Sichuan (sud-ouest), sont depuis sous les verrous en attendant leur procès dans le cadre de la campagne anti-corruption en cours, précise Hurun.
Un autre milliardaire emprisonné, Xu Ming, au 676è rang l'an dernier avec 490 millions de dollars, a été l'un des témoins clés du retentissant procès de Bo Xilai en août, déclarant avoir donné pour 3,4 millions de dollars de pots-de-vin et acheté une villa à Cannes (sud-est de la France) à l'ancien membre du bureau politique du PC chinois.
Et le divorce à trois milliards de dollars de Mme Wu Yajun, la richissime promotrice immobilière, l'a fait chuter du 8è au 22è rang, tandis que son ex-mari, grâce à cette manne, faisait son entrée dans le Top 50.
Figurer sur la liste de Hurun peut s'apparenter aussi à un cadeau empoisonné, relève Oliver Rui, professeur de finances et comptabilité à la China Europe International Business School de Pékin.
La valeur des entreprises aux mains de ceux figurant sur la liste a chuté de façon significative ces trois dernières années, et "en raison de la pression de l'opinion, le gouvernement tend à examiner au plus près" leurs comptes, a-t-il assuré dans une étude publiée mercredi.
En août, Hurun montrait que l'apparition de nouveaux millionnaires en Chine avait nettement ralenti en 2012, à l'unisson d'une nette décélération de la croissance économique et de la chute des Bourses locales.
La Chine comptait en effet, fin 2012, 1,05 million de millionnaires (possédant une fortune d'au moins 10 millions de yuans, soit 1,63 million de dollars), une progression de seulement 3% par rapport à l'année précédente, la plus faible évolution depuis cinq ans.
Cette relative stagnation s'explique avant tout par la morosité de la conjoncture économique -- avec une croissance de 7,8%, la Chine a connu en 2012 sa pire performance depuis 13 ans.