La Cour des Comptes étrille les dérives d'Areva sous son ex-dirigeante Anne Lauvergeon, des déboires de l'EPR au rachat controversé d'Uramin en passant par sa rémunération, selon un prérapport dont le quotidien Les Echos publie mardi des extraits.
En termes de gouvernance, la Cour impute dans ce rapport "un certain nombre de difficultés du groupe (...) dans la période antérieure à 2012" à "la forte personnalité de la présidente du directoire", à savoir Mme Lauvergeon, remplacée mi-2011 par Luc Oursel.
Mais les sages de la rue Cambon critiquent aussi la hausse de la rémunération de Mme Lauvergeon durant son 2e mandat, estimant selon le journal que "la découverte tardive de dossiers dont la mauvaise gestion coûte aujourd’hui très cher au groupe amène à critiquer une telle progression, fondée pour une large part sur des taux de réussite faussement précis".
L'ex-dirigeante du groupe a contesté ces critiques dans sa réponse au prérapport, citée par Les Echos, estimant notamment qu'"une personnalité forte et dynamique était nécessaire pour réussir la création d’un tel groupe, développer le leader mondial du nucléaire, motiver les équipes ".
La Cour pointe également une "fuite en avant" et des "zones obscures" dans le dossier de l'acquisition du groupe minier canadien Uramin en 2007, qui a tourné depuis à la débâcle financière. Début avril, une source judiciaire avait confirmé à l'AFP l'ouverture d'une enquête préliminaire sur les conditions de ce rachat, suite à un signalement auprès du parquet national financier par la Cour des comptes.
"Les conclusions du rapport préliminaire de la Cour des comptes sont contestables et seront contestées. Je n'ai pas trouvé pour ma part les motifs qui ont pu justifier le signalement fait au procureur de la République", a répliqué au journal l'avocat de Mme Lauvergeon, Jean-Pierre Versini-Campinchi.
Le prérapport se montre en outre critique sur la stratégie d'expansion du groupe nucléaire et son modèle "intégré" (c'est-à-dire allant de l'extraction d'uranium aux centrales) ainsi que sur la conduite de grands projets industriels, en particulier la construction du réacteur EPR d'Olkiluoto, en Finlande, qui a accumulé les retards et les dérapages financiers. Concernant ce dossier, elle évoque des "hypothèses souvent plus optimistes que le déroulement du chantier" et une "faible anticipation du risque".