par Prak Chan Thul
PHNOM PENH (Reuters) - Les deux plus hauts dignitaires encore en vie du régime des Khmers rouges au Cambodge, Nuon Chea et Khieu Samphan, ont été jugés coupables jeudi de crimes contre l'humanité et condamnés à la prison à perpétuité par le tribunal spécial de Phnom Penh soutenu par les Nations unies.
Nuon Chea, ancien numéro 2 de Pol Pot aujourd'hui âgé de 88 ans, et Khieu Samphan, ex-chef d'Etat âgé de 83 ans, ont rejeté toutes les charges retenues contre eux.
Au cours de leur procès, qui a débuté en novembre 2011, le premier a admis une "responsabilité morale" dans le génocide khmer rouge tandis que le second a exprimé des regrets mais a minimisé ses responsabilités.
Le juge Nil Nonn a déclaré que les deux hommes étaient coupables d'"extermination englobant meurtre, persécution politique et autres actes inhumains comprenant des transferts forcés, des disparitions et des atteintes à la dignité humaine".
Leur procès n'est que le second organisé devant les "tribunaux khmers rouges" mis en place il y a neuf ans pour juger les responsables du génocide commis entre 1975 et 1979 au "Kampuchéa démocratique", où 1,7 à 2,2 millions de personnes ont été massacrées.
Le premier procès du tribunal spécial visait le directeur du centre pénitentiaire S21 de Tuol Sleng, à Phnom Penh, Duch, condamné en février 2012 en appel à la prison à perpétuité.
Nuon Chea et Khieu Samphan, qui font l'objet d'une autre procédure pour génocide, devaient initialement comparaître avec deux autres accusés, mais Ieng Sary, qui fut le ministre des Affaires étrangères du régime de Pol Pot, est mort en 2012 et sa veuve, Ieng Thirith, ex-ministre elle aussi, souffre de la maladie d'Alzheimer, incompatible avec son procès.
"Les victimes ont vu les coupables répondre de leurs actes devant un tribunal. Ils ont été jugés équitablement et déclarés coupables", a commenté James Goldston, directeur de l'Open Society Justice Initiative qui suit les travaux du tribunal spécial.
"La portée historique des verdicts prononcés aujourd'hui ne doit en aucune façon être minimisée par les défis tout à fait réels qui ont par moments marqué ce processus", a-t-il ajouté en allusion aux disputes, démissions, difficultés de financement et accusations d'ingérence politique qui entourent les "chambres extraordinaires" chargées de juger les dirigeants du Kampuchéa démocratique.
(Henri-Pierre André pour le service français)