Les assureurs de Floride pourraient être fortement secoués par l'ouragan Irma, leur capacité financière à absorber une telle catastrophe n'ayant pas été pleinement évaluée.
"Si les dommages sont particulièrement élevés, tout est possible", prévient Shahid Hamid, un expert du secteur de l'assurance.
Cet Etat du sud-est des Etats-Unis s'apprête à affronter ce week-end l'ouragan Irma et ses vents pouvant atteindre 240 kilomètres/heure. Ils vont frapper l'une des régions les plus développées des Etats-Unis, avec des villes comme Miami où des centaines de milliards de dollars de biens immobiliers sont exposés.
Certains assureurs pourraient se révéler incapables de faire face aux remboursements. Les prévisions établies vendredi matin par la firme Enki Research évaluaient les dégâts potentiels à quelque 100 milliards de dollars.
En tant que directeur de l'Institut de l'assurance auprès du centre d'études des ouragans de la Florida International University, Shahid Hamid teste les compagnies pour évaluer si leur situation financière est assez solide pour faire face à des catastrophes de cette ampleur.
Si la plupart d'entre-elles ont passé avec succès les tests les plus récents, ceux-ci n'ont toutefois pas pris en compte l'éventualité d'un scénario exceptionnel pouvant provoquer 100 milliards de dollars de dégâts, indique-t-il à l'AFP.
"Cela pose la question de savoir combien de compagnies d'assurance exactement peuvent vraiment faire face à un ouragan comme Irma", souligne l'expert.
Les responsables du bureau des assurances de Floride n'ont pas pu répondre vendredi aux questions de l'AFP car leur bureau était fermé. Mais une annonce placée sur leur site internet indiquait qu'ils avaient pris contact avec les responsables des compagnies d'assurance pour qu'ils confirment leur état de préparation face à l'ouragan.
- Le précédent Andrew -
La Floride, région particulièrement exposée aux ouragans, a vu son secteur de l'assurance évoluer considérablement depuis Andrew, qui avait fait pour 27 milliards de dollars de dégâts dans le sud de l'Etat en 1992.
De grosses compagnies nationales comme State Farm et Prudential (LON:PRU) ont depuis quitté ce marché et la Floride a mis à niveau son code de la construction, pour réduire les dégâts éventuels, tout en développant la réassurance, pour offrir une couverture aux compagnies qui ont choisi d'y rester.
L'Etat a aussi crée un "assureur de dernier ressort", appelé Citizens Property Insurance Corporation. L'un de ses porte-parole, Michael Peltier, indique que près de la moitié de ses 450.000 polices sont souscrites dans les comtés méridionaux de Broward, Miami-Dade et Palm Beach, parmi les plus huppés de l'Etat. Mais Citizens n'a pas établi d'estimations, ni pour les dégâts potentiels ni pour les remboursements.
Steven Weisbart, chef-économiste à l'Institut d'information sur l'assurance, un organisme financé par le secteur, indique toutefois à l'AFP qu'il ne pense pas qu'un assureur sera acculé à la faillite par Irma.
"Un cas d'insolvabilité est improbable sur le marché de la Floride", estime-t-il en invoquant la bonne capitalisation du secteur, qui affiche un excédent de 700 milliards de dollars.
La loi américaine prévoit également que si un assureur devait faire faillite, les autres doivent assurer le remboursement des dégâts à sa place.
Mais Shahid Hamid reste inquiet. Près de 70% des constructions en Floride sont antérieures à Andrew et ne sont donc pas bâties en fonction du code le plus récent et n'ont pas toujours été mises à niveau, précise-t-il.
Et, selon lui, même ces normes sont tout juste suffisantes pour affronter un ouragan de catégorie 2 ou 3 alors qu'Irma, actuellement de catégorie 4, pourrait repasser en catégorie 5.
"Même si le secteur de l'assurance en Floride est en bien meilleure situation qu'au moment d'Andrew, il est aussi confronté à une menace beaucoup plus forte avec Irma, si les prévisions actuelles se vérifient", souligne-t-il.