Le Parlement grec a adopté mardi soir un projet de loi impopulaire prévoyant de nouvelles coupes budgétaires demandées par les créanciers de la Grèce en échange du nouveau plan d'aide, à la veille de nouvelles manifestations contre l'austérité.
Ce texte adopté à une très large majorité de 202 députés sur les 283 qui ont participé au vote, fait partie "des actions prioritaires" fixées dans le memorandum négocié par le gouvernement grec avec les créanciers du pays, et concrétisé par une loi cadre votée le 12 février au milieu de violentes manifestations à Athènes.
Les partenaires de la Grèce en avaient fait une condition sine qua non du versement à ce pays des prêts indispensables pour lui éviter la faillite et une sortie de l'euro.
Les syndicats et l'opposition de gauche en ont fait un nouvel axe de leur combat contre les politiques de rigueur "barbares" menées depuis le début de la crise grecque, en 2010.
Alors que le vote d'une deuxième loi d'économies est programmé pour mercredi, les syndicats appellent à manifester le même jour dans le cadre d'une journée de mobilisation européenne anti-austérité.
Mardi, plusieurs centaines de policiers, de pompiers, de garde-côtes ont manifesté contre les baisses de leurs salaires qui atteignent dans certains cas 40%, selon les syndicats. Certains ont brûlé un drapeau nazi devant le parlement.
Presque au même moment, le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz s'attirait les applaudissements des députés grecs lors de son discours, prononcé en allemand, pour les exhorter à voter les nouvelles mesures d'austérité. Tout en les assurant que la Grèce "n'est pas seule".
"C'est dramatique de réduire les retraites, mais le gouvernement est contraint de le faire car le budget est déficitaire et il faut renverser cette situation", sinon le pays risque de sortir de la zone euro, ce qui serait "catastrophique", a averti le ministre des Finances Evangélos Vénizelos devant les députés.
Pour Antonis Samaras, le chef du parti conservateur Nouvelle Démocratie qui gouverne aux côtés des socialistes du Pasok, ce vote va clore le "triste chapitre" ouvert par la Grèce il y a plus de deux ans.
"Les mesures sont très dures pour les faibles", a souligné le président grec Carolos Papoulias, lors de sa rencontre avec Martin Schulz. "Je ne suis pas sûr que la Grèce puisse endurer d'autres mesures de ce type", a-t-il averti.
Malgré son impopularité, le projet a reçu plus de voix que les seules 193 voix de la coalition gouvernementale sur lesquelles le gouvernement pouvait théoriquement s'appuyer.
Le texte prévoit la réduction de 12% des retraites principales du secteur public supérieures à 1.300 euros par mois, ainsi que l'abaissement de 10% à 20% des retraites complémentaires de plus de 200 euros.
Ces mesures viennent s'ajouter à la baisse de 10% des retraites du secteur public intervenues au moment de l'adoption d'un premier train de mesures de rigueur en 2010, en échange d'un pemier prêt de l'UE et du FMI de 110 milliards d'euros.
Le nouveau projet de loi comprend également une baisse de 10% des salaires des dirigeants de collectivités locales (maires, maires adjoints, préfets) ainsi qu'une fusion des organismes de recherche, dont le nombre va passer de 56 à 31.
En raison d'une série de réductions budgétaires dans plusieurs ministères, dont la plus importante concerne le ministère du Travail et les comptes de la Sécurité sociale, le projet de loi prévoit une révision du budget pour 2012, dont le déficit passe à 6,7% du PIB contre 5,4% prévus initialement.
Mercredi, un projet de loi réduisant les dépenses médicales et hospitalières ainsi que des fusions d'organismes sociaux doit être voté au Parlement, également en vertu d'une procédure d'urgence. Les médecins grecs sont appelés le même jour à une journée de grève.
Ce nouveau tour de vis s'ajoute au vote, dans la loi cadre du 12 février, d'un abaissement de 22% du salaire minimum (qui passe à 586 euros), et de 32% de celui des jeunes de moins de 25 ans.
Une réunion des ministres des Finances de la zone euro doit faire le point jeudi sur les initiatives qui auront été prises par Athènes pour mériter le nouveau prêt de 130 milliards d'euros sur trois ans assorti d'un effacement de 107 milliards de sa dette.
Depuis le feu vert des ministres des Finances de la zone euro la semaine dernière au plan de sauvetage censé lui sortir la tête de l'eau, la Grèce s'efforce d'adopter en un temps record les mesures réclamées.
Le plan de sauvetage vise dans un premier temps à assurer que le pays ne fasse pas faillite le 20 mars, à l'échéance d'une obligation de 14,5 milliards d'euros. A plus long terme, il doit ramener la dette grecque à 120,5% du PIB d'ici à 2020 contre plus de 160% actuellement (350 milliards d'euros).
Vendredi, la loi fixant les modalités de la procédure d'effacement de dette a été votée par le Parlement, ce qui a permis le lancement de cette offre d'échange d'une ampleur inégalée dans l'histoire financière.
Comme cela était attendu, l'agence de notation Standard & Poor's a abaissé lundi la note souveraine de la Grèce au niveau "défaut de paiement sélectif". Elle envisage de relever la note du pays lorsque cette opération sera réalisée, à la mi-mars.
Le Premier ministre Lucas Papademos n'a pas assisté au vote, devant partir pour Bruxelles où il doit s'entretenir avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, à la veille de la réunion des ministres des Finances de la zone euro.