LONDRES (Reuters) - La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu jeudi son taux directeur inchangé et revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2017 et 2018 en raison des effets du Brexit sur le pouvoir d'achat des ménages.
La BoE table désormais sur une croissance de 1,7% cette année contre 1,9% anticipé en mai. Pour 2018, elle s'attend à une croissance de 1,6% contre 1,7% précédemment. La prévision pour 2019 est restée inchangée à 1,8%.
Le gouverneur de la BoE, Mark Carney, et les autres membres du comité de politique monétaire ont redit que les hausses de taux pourraient être un peu plus importantes que les investisseurs ne l'anticipent durant les trois prochaines années et peut-être dès l'année prochaine.
La livre sterling a toutefois cédé du terrain face au dollar et à l'euro tandis que la Bourse de Londres a accentué sa progression jeudi en réaction à ces annonces.
"La porte est toujours ouverte à une hausse de taux mais elle n'apparaît pas imminente", a dit Alan Clarke, stratège taux chez Scotiabank.
"C'était plus accommodant que nous l'avions cru. Le plus frappant est qu'ils ont abaissé les perspectives sur les salaires en dépit d'un chômage plus faible que prévu et le profil de l'inflation est un peu plus bas malgré une livre plus faible."
Confrontés aux incertitudes sur les conséquences du Brexit pour l'économie britannique, les responsables monétaires de la BoE ont voté à une majorité de six voix contre deux en faveur du maintien du taux d'intervention à 0,25%, conformément aux attentes des économistes interrogés par Reuters.
La banque centrale britannique n'a pas non plus modifié son programme de rachats d'actifs et a dit que son programme de soutien au crédit prendrait fin comme cela était prévu en février 2018.
Après le vote plus serré de trois voix contre cinq en faveur du statu quo lors de la réunion monétaire de juin, les investisseurs avaient commencé à prendre en compte la possibilité d'une hausse du taux directeur ce mois-ci.
L'une des membres du comité de politique monétaire en faveur d'un relèvement de taux, Kristin Forbes, l'a depuis quitté.
Michael Saunders et Ian McCafferty se sont à nouveau prononcés cette fois-ci pour une hausse de taux de 25 points de base.
L'économiste en chef de la BoE, Andy Haldane, qui avait dit en juin qu'il soutiendrait vraisemblablement un relèvement dans la deuxième partie de l'année, a voté en faveur du statu quo.
Alors que l'inflation dépasse l'objectif de 2% et que la croissance ralentit, la BoE a réitéré son message sur une possible hausse de taux.
"La politique monétaire risque d'être resserrée de manière un peu plus importante sur l'horizon de la prévision que le rythme impliqué par la courbe des taux qui sous-tend les projections d'août", a prévenu la BoE, reprenant des formulations utilisées précédemment.
La BoE visait les anticipations de marché selon lesquelles les taux pourraient commencer à remonter dans le courant du troisième trimestre 2018.
Elle a délivré un message sur la situation de l'économie comparable à celui du mois de mai mais parallèlement à l'abaissement de ses prévisions pour la croissance elle a revu en baisse celles portant sur la progression des salaires et sur l'inflation.
La BoE s'attend désormais à une hausse des salaires de 3% en 2018 et 3,25% en 2019, soit 0,5 point de pourcentage de moins que dans les prévisions antérieures.
Les prévisions sur l'inflation ont été abaissées marginalement à moins de 2,6% à un horizon d'un an après un pic attendu autour de 3% en octobre.
(William Schomberg et David Miliken, Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)