La banque d'affaires américaine Morgan Stanley a renoué avec les bénéfices au deuxième trimestre mais largement déçu Wall Street jeudi, clôturant une saison morne pour les résultats des banques.
Son bénéfice net est ressorti à 564 millions de dollars contre une perte de 558 millions un an plus tôt. Par action, il atteint 28 cents, là où les analystes tablaient sur 43 cents.
Le chiffre d'affaires a reculé de 24% sur un an à 7,0 milliards de dollars, également sous les prévisions de Wall Street.
Le titre du groupe chutait de 4,93% à 13,30 dollars vers 14H30 GMT.
"Les énormes incertitudes politiques ont beaucoup pesé sur les marchés de capitaux", a commenté le PDG James Gorman, qualifiant l'environnement de "très difficile pour les investisseurs de détail" et les volumes d'activité de la banque d'investissement d'"atone".
La banque a enregistré une chute de 37% (à 3,2 milliards de dollars) du chiffre d'affaires de sa plus grosse division, celle de courtage, avec en particulier un plongeon de 60% dans les activités liées aux titres de dette. Or c'est "son activité qui dégage le plus de profits", remarque Gregori Volokhine, directeur de Meeschaert New York.
Les recettes de la division de gestion d'actifs ont reculé de 28% et celles de l'activité de gestion de fortune de 4%.
Les rémunérations ont reculé de 21% à 3,6 milliards de dollars sur un an. Le groupe a prévu une baisse de 7% de ses effectifs sur l'ensemble de 2012, a noté James Gorman.
Quelque 3.000 personnes ont déjà quitté la banque depuis le début de l'année et environ 1.000 postes supplémentaires vont être supprimés, par licenciements ou départs naturels, s'ajoutant à l'ensemble des suppressions d'emplois déjà annoncées dans le secteur.
La banque précise qu'à la suite de l'abaissement de deux crans de sa note de long terme par l'agence de notation Moody's le 21 juin, elle a besoin de rassembler des fonds et produits collatéraux pour un montant total de quelque 6,3 milliards de dollars, "dont 2,9 milliards de dollars ont été inscrits au bilan au 30 juin".
"Le secteur est frappé par une augmentation des frais dus aux réglementations durcies, par la disparition de beaucoup d'activités en raison d'un faible volume de marché et d'affaires, par le fait qu'elles diminuent leur exposition au risque et ont donc moins d'effet de levier. Tout ceci fait qu'elles sont de moins en moins rentables", constate Gregori Volokhine.
"Dans le cas de Morgan Stanley ce n'est pas tant que les revenus baissent qui surprend, c'est l'ampleur de la baisse", ajoute-t-il.
Il note que l'abaissement de notation de Moody's lui a coûté "très cher".
Bank of America a annoncé être repassée dans le vert au deuxième trimestre alors qu'elle avait enregistré une lourde perte dans sa division de prêts immobiliers un an plus tôt mais elle a inquiété en révélant une accélération des demandes de rachat de produits financiers adossés à des prêts hypothécaires. Ces demandes totalisent 22,7 milliards de dollars.
Citigroup a vu de son côté son bénéfice et son chiffre d'affaires reculer, tout comme Goldman Sachs.
La meilleure performance est revenue à Wells Fargo: grâce à sa faible exposition aux marchés et malgré la morosité de l'économie, elle a vu ses bénéfices progresser de 18%.
Quant à JPMorgan Chase, la première banque américaine en termes d'actifs, malgré une perte de courtage très décriée de 4,4 milliards de dollars ce trimestre, elle a généré un bénéfice de 5 milliards de dollars, en baisse de 9% sur un an.
Le ratio de capitaux durs de Morgan Stanley a augmenté à 13,5% selon les critères de Bâle 1 et se porte autour de 9% selon ceux de Bâle 3, au-dessus du niveau de ses concurrentes américaines, qui ont toutefois également renforcé leurs fonds propres.
C'est l'aspect positif de ce trimestre: les banques américaines ont affermi leur solidité financière, avec des capitaux renforcés et un risque diminué.