La Commission européenne a demandé mardi à pouvoir vérifier à l'avenir les chiffres que lui envoient les gouvernements de l'UE sur leurs prévisions de déficits, afin d'éviter que ne se répètent des cas comme celui de la Grèce, accusée d'avoir minimisé leur ampleur.
Le mois prochain, l'exécutif européen va faire une proposition visant à doter l'Office européen des statistiques, Eurostat, de "compétences d'audit" des statistiques notifiées par les gouvernements nationaux, a indiqué le commissaire aux Affaires économiques, Joaquin Almunia.
Il s'exprimait devant la presse à l'issue d'une réunion des ministres européens des Finances, consacrée notamment à la situation en Grèce.
Bruxelles avait déjà fait une telle demande en 2004, mais les Etats européens s'y étaient opposés l'année suivante, goûtant peu l'idée de voir Eurostat jouer les gendarmes dans leurs comptes.
"Il ne suffit pas d'avoir des notifications des autorités budgétaires (nationales). En 2005, le Conseil (l'organe représentant les Etats de l'UE, ndlr) n'avait pas voulu conférer ces compétences" à Eurostat, "aujourd'hui j'espère qu'il voudra bien", a ajouté M. Almunia.
Il a estimé que de telles prérogatives auraient sans doute permis d'éviter au moins en partie les problèmes actuels avec la Grèce, où les autorités ont subitement revu en très forte hausse fin 2009 leur prévision de déficit national: à 12,5% du Produit intérieur brut, contre 3,7% avant.
Le ministre suédois des Finances, Anders Borg, a jugé à ce sujet mardi à Bruxelles que "la situation des statistiques est fondamentalement frauduleuse" en Grèce.
"Cela a un coût non seulement pour la Grèce, mais pour l'ensemble de l'Europe", a-t-il dit, jugeant "totalement inacceptable" les révisions statistiques opérées par la Grèce, mise en cause aussi la semaine dernière dans un rapport accablant de la Commission européenne.