L'italien Fiat prend un nouveau départ lundi après sa division en deux entités qui le déleste de ses activités non-automobiles, un virage stratégique destiné à faciliter les alliances et à l'aider à devenir un géant de l'automobile avec son partenaire Chrysler.
Cette scission du groupe passe par la création d'une nouvelle société baptisée Fiat Industrial regroupant Iveco (camions et bus), CNH (engins agricoles et de construction) et les moteurs de véhicules industriels et de bateaux.
Les activités automobiles (marques Fiat, Lancia, Alfa Romeo, Ferrari, Maserati, moteurs et composants) restent, elles, au sein de Fiat.
Annoncée en avril, cette scission, qui était attendue depuis des années par le marché, prend effet samedi 1er janvier sur le plan juridique mais elle se concrétisera réellement lundi lors de l'arrivée à la Bourse de Milan de Fiat Industrial.
Les actionnaires ont reçu une action Fiat Industrial pour une action Fiat. La famille Agnelli sera donc l'actionnaire de référence des deux groupes avec 30% du capital.
Aucune indication n'ayant été donnée par Fiat, il reviendra au marché de déterminer lundi le cours des deux nouvelles entités, ce qui promet une séance très animée. Le titre Fiat a terminé jeudi l'année 2010 sur une hausse de 2,94% à 15,43 euros.
"Nouveau chapitre" de l'histoire du groupe phare de l'Italie, cette scission va permettre de "résoudre une des questions stratégiques qui (...) a été une épine dans le flanc de Fiat", avait expliqué en septembre son directeur général Sergio Marchionne, qui sera aussi président de Fiat Industrial.
Maintenir ensemble des activités aussi diverses n'a "plus de raison d'être" car le redressement de Fiat, au bord du gouffre au début des années 2000, est "achevé" et car la branche auto n'a "plus besoin de béquilles" depuis son partenariat avec Chrysler, avait ajouté M. Marchionne.
Le but de ce virage stratégique, qui met fin à la structure de conglomérat du groupe, est en effet de permettre aux deux entités de mener leur propre barque et de faciliter d'éventuelles alliances.
Fiat, qui n'aura plus désormais à se soucier des camions, des bus et des tracteurs, pourra se concentrer sur Chrysler avec qui il compte devenir l'un des plus grands constructeurs mondiaux capable de produire plus de 6 millions de véhicules en 2014 contre moins de 4 millions actuellement.
De nombreux observateurs pensent d'ailleurs que l'italien a la volonté de fusionner à terme avec l'américain. Fiat détient 20% de Chrysler depuis juin 2009 et doit monter à 35% par étapes.
La remise à plat de la structure d groupe pourrait se poursuivre ensuite avec la cession de Magneti Marelli (composants) ou l'introduction en Bourse de Ferrari, de possibles "options stratégiques", avait estimé Fiat en novembre.
La "nouvelle" Fiat, qui va voler de ses propres ailes, devra toutefois faire face à un marché automobile encore difficile alors que les marchés de référence de Fiat Industrial se sont, eux, redressés.
Par ailleurs, le groupe, qui réclame plus de flexibilité en échange de ses investissements en Italie, est aux prises avec la vive opposition du syndicat Fiom-CGIL qui vient d'appeler à un jour de grève fin janvier.
De son côté, Fiat Industrial pourra également miser sur des alliances stratégiques pour se développer. Le quotidien italien La Repubblica a d'ailleurs évoqué à nouveau la semaine dernière un intérêt de l'allemand Daimler qui avait pourtant démenti des informations similaires en septembre.