Le Premier ministre grec Georges Papandréou a exhorté lundi les députés grecs à voter le projet de budget d'austérité soumis à leur examen, afin que le pays, au bord du gouffre, "reste debout".
A la veille d'une grève générale de 48 heures destinée à protester contre les hausses d'impôts et privatisations massives contenues dans le plan, le Premier ministre, tentant de fédérer la majorité gouvernementale qui dispose de 155 sièges sur 300, a estimé que ce vote "est une occasion unique pour que le pays reste debout".
L'adoption de ces mesures, vivement contestées dans la rue, est déterminante pour la poursuite du soutien financier à la Grèce par ses créanciers et le versement d'une tranche d'argent frais dès juillet, tout autant que pour l'avenir et l'intégrité de la zone euro.
Le débat parlementaire ouvert lundi durera jusqu'à jeudi. Il se déroule dans une ambiance survoltée en Grèce, où coupures d'électricité et perturbations dans les transports et services publics vont rythmer la semaine.
Mardi, les compagnies aériennes grecques, Olympic Air et Aegean, ont annoncé qu'elles annuleraient des dizaines de vols, essentiellement intérieurs, et ont modifié les heures de départs de dizaines de vols vers l'étranger, après l'appel à la grève lancé par les contrôleurs aériens.
A Athènes, bus, trolleys, train interurbain et tramway seront arrêtés mardi et mercredi. En revanche, le métro fonctionnera.
Le trafic maritime vers les îles en mer Egée (est) et Ionienne (ouest) risque d'être également touché.
Le nouveau ministre des Finances Evangélos Vénizélos a appelé les députés à "faire preuve de sérieux et d'unité (...) pour que les caisses de l'Etat ne se retrouvent pas vides au début juillet".
La députée socialiste Elsa Panariti a estimé que le projet allait "bien sûr" être voté, le gouvernement socialiste disposant d'une majorité de cinq sièges au Parlement.
Les ministres de la zone euro doivent se réunir le 3 juillet, pour donner leur feu vert au versement de la cinquième tranche du prêt accordé à la Grèce en mai 2010, cruciale pour que le pays honore ses échéances en juillet et paye retraites et salaires.
Si le budget n'était pas voté, la Grèce se trouverait face à la possibilité d'un défaut de paiement dans l'été, avec une onde de choc mondiale jugée supérieure par certains analystes à l'effet produit sur les marchés par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en septembre 2008.
Au delà du strict aspect financier, la Grèce, engluée dans une profonde récession depuis plus de deux ans, doit aussi tenter d'activer la relance de son économie réelle.
M. Papandréou, qui s'est entretenu lundi avec le chef de la zone euro et Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker, doit envoyer une lettre dans les prochains jours au président de la Commission européenne José Manuel Barroso pour lui demander le déblocage des aides prévues dans le cadre de la politique de cohésion et régionale de l'UE pour aider à la relance de l'économie.
M. Juncker avait suggéré la semaine dernière une suspension pour Athènes de la règle du co-financement et un coup de pouce financier supplémentaire en faveur de la Grèce provenant du budget de l'UE.
"La situation est difficile, il faut sauver l'économie grecque", a souligné M. Vénizélos. Il a relevé qu'un "danger systémique" menace toute l'Europe et que la situation était "cruciale".
A Bruxelles, un responsable européen parlant sous couvert d'anonymat a indiqué lundi soir à l'AFP que la zone euro travaillait à un "plan B" pour éviter la faillite de la Grèce au cas où le nouveau programme d'austérité serait rejeté par son Parlement.