Après avoir frôlé la vente en 2009, Opel doit affronter des rumeurs sur une possible cession par sa maison-mère, le numéro un mondial General Motors (GM), tout en essayant de sortir la tête de l'eau.
La semaine dernière, des médias allemands avaient affirmé que GM voulait de nouveau se défaire de sa filiale germanique, après avoir décidé de la conserver deux ans plus tôt.
Le constructeur américain serait lassé des mauvais résultats de la marque à l'éclair qu'il détient depuis 1929 et de son émanation britannique Vauxhall. D'autant qu'il a, lui, réussi à renouer avec les bénéfices en 2010, pour la première fois depuis 2004 et après avoir fait faillite.
Face à ces rumeurs, aucun démenti clair n'a été apporté, a regretté le comité d'entreprise d'Opel.
Karl-Friedrich Stracke, le patron fraîchement nommé du constructeur allemand, s'est contenté de parler de "spéculation" et d'évoquer les projets de la marque.
Du côté de GM, silence radio. Un refus de commenter qui "montre clairement qu'il veut laisser toutes les options ouvertes", estime Stefan Bratzel, expert automobile.
C'est également l'analyse de Ferdinand Dudenhöffer, du Centre de recherche automobile de Duisbourg, qui va même plus loin. "Il est possible que BAIC ait déposé une offre, et GM l'étudie sans doute", selon le chercheur. Une hypothèse également formulée par la presse allemande.
Le fabricant automobile chinois avait déjà proposé à GM d'acheter Opel en 2009, sans succès.
Pour BAIC, qui souhaite comme ses homologues chinois devenir un acteur majeur de l'industrie automobile, mettre la main sur Opel serait un pas important.
Cela "lui permettrait d'entrer sur un marché - l'Europe - et de s'approprier une marque reconnue et une technologie qu'il n'a pas", explique M. Dudenhöffer.
Du côté de GM, l'intérêt pour le Vieux-Continent, aux marges de croissance plus faibles qu'ailleurs, s'émousserait au contraire.
Toutefois, "GM devrait se poser la question de savoir si sur le long-terme, se retirer du marché européen est une bonne idée", estime M. Bratzel, soulignant que l'Europe est le premier marché mondial et restera prédominant dans le futur, avec les Etats-Unis et la Chine.
A Rüsselsheim (ouest), siège d'Opel, on assure que le redressement espéré par la maison-mère sera bientôt là.
Certes, Opel a enregistré en 2010 une perte avant intérêts et impôts de près de 400 millions de dollars (280 millions d'euros), mais il est revenu à l'équilibre hors éléments exceptionnels.
"Et sa part de marché en Europe progresse", assure un porte-parole. Sur les quatre premiers mois de l'année, elle s'est élevée en moyenne à 7%, ce qui situe la marque entre Fiat et Peugeot, selon des données de l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA).
Le groupe, qui prévoit d'investir 11 milliards d'euros et veut proposer 30 nouveaux produits d'ici à 2014, prévoit de repasser dans le vert en 2012, une fois sa restructuration totalement achevée et après près de trois décennies de mauvais chiffres.
En 2008, GM, alors dans une très mauvaise passe en raison de la crise, avait demandé des aides publiques pour Opel, sans les obtenir, avant de décider de vendre sa filiale.
Il avait ensuite à la surprise générale renoncé à ce projet et annoncé la suppression de 8.000 postes en Europe sur 48.000.
"Opel a redéfini ses capacités et est maintenant en bonne voie", juge M. Dudenhöffer. Mais sa situation reste incertaine. "Comme dans les familles, quand un enfant sent qu'il n'est pas aimé par ses parents (ici, GM), il va forcément moins bien qu'un enfant qui est chéri", résume l'expert.