par Sumanta Dey et Wayne Cole
(Reuters) - Le retour à la croissance de l'activité du secteur privé en France a permis à la zone euro d'enregistrer en juin son rythme d'expansion le plus élevé depuis quatre ans, montrent mardi les premiers résultats des enquêtes Markit auprès des directeurs d'achat, le signe le plus clair à ce jour de l'efficacité de la politique de la Banque centrale européenne (BCE).
Parallèlement, en Chine et au Japon, les mesures exceptionnelles prises par les autorités monétaires n'ont pas permis d'éviter une contraction de l'activité manufacturière, montrent les enquêtes PMI.
Ces dernières dessinent ainsi un tableau mitigé de la conjoncture économique mondiale, ce qui fournit des arguments aux partisans du maintien des politiques monétaires ultra-accommodantes.
La BCE achète depuis mars pour 60 milliards d'euros mensuels de titres sur les marchés financiers, principalement des emprunts d'Etat, pour soutenir la croissance et faire remonter l'inflation. Et les récents indicateurs autorisent à penser que ce soutien commence à profiter à l'activité des entreprises privées, même si cet impact reste limité.
"On constate une amélioration nette dans le secteur des services, ce qui montre que l'activité sur le marché intérieur commence à s'améliorer", commente Peter Dixon, économiste de Commerzbank (XETRA:CBKG).
"Cela indique clairement qu'après tous les tourments des dernières années, certains signaux positifs commencent à émerger dans la zone euro. Il reste des problèmes structurels mais peut-être, peut-être seulement, avons nous franchi un cap."
L'indice PMI Markit composite "flash" de la zone euro atteint 54,1, son plus haut niveau depuis mai 2011, contre 53,6 le mois dernier et un consensus Reuters de 53,5.
UN TOURNANT, MAIS ENCORE DES FAIBLESSES
Un tel niveau suggère une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,4% au deuxième trimestre, estime Chris Williamson, économiste en chef du cabinet Markit.
Cette embellie est confirmée par les premiers résultats des enquêtes nationales dans les deux premières économies de la région: en Allemagne comme en France, les PMI flash dépassent les attentes en juin, dans les services comme dans le secteur manufacturier.
"Il y un tournant en particulier dans l'économie intérieure (française)", souligne Chris Williamson. "Il y a un important soutien de la BCE en ce moment et certains signes montrent que cela favorise l'amélioration de la confiance des entreprises et des consommateurs, ce soutien est donc en train de payer."
Reste que l'absence persistante de pressions inflationnistes, en dépit de la baisse de l'euro et de la remontée des cours du pétrole, devrait décevoir les responsables monétaires en Europe comme en Asie.
Les données publiées mardi montrent en effet que les entreprises manufacturières et de services ont continué de réduire les prix de vente en juin pour favoriser les prises de commandes et les nouveaux contrats.
Les entreprises chinoises ont en outre fait état de la plus forte baisse de leurs intentions de recrutement depuis six ans, en dépit des mesures de soutien annoncées ces derniers mois par Pékin.
Et au Japon, la croissance du secteur manufacturier a même reculé en juin, l'archipel peinant encore à se remettre de la récession de l'an dernier.
Aux Etats-Unis, où la Réserve fédérale pourrait entamer d'ici la fin de l'année la remontée de ses taux d'intérêt, l'indice PMI flash attendu à 13h45 GMT devrait montrer une accélération de la croissance dans l'industrie.
(Sumanta Dey, Jean-Baptiste Vey, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Angrand)