PSA a conclu avec cinq syndicats un accord sur la prévention du stress au travail, qui fait du constructeur la première grande entreprise à appliquer, comme le veut le gouvernement, des orientations fixées en 2008 au niveau interprofessionnel par les partenaires sociaux.
Le ministre du Travail Xavier Darcos a enjoint vendredi les entreprises de plus de 1.000 salariés d'engager des négociations sur le sujet dans les quatre prochains mois, afin d'accélérer l'application de l'accord interprofessionnel de 2008, qui transposait lui-même un accord-cadre européen de 2004.
Selon la Direction générale du Travail, quelques entreprises, comme Alstom avec un accord en juillet sur "l'équilibre travail et vie privée", se sont déjà référées à ce texte national. Mais PSA Peugeot-Citroën affirme le "concrétiser" dans toutes ses dispositions.
Le constructeur automobile affirme se placer dans la lignée d'actions menées depuis 2007 après la vague de six suicides dont deux de salariés de Mulhouse dans leur usine.
Il n'y a pas eu de nouveau cas sur les lieux de travail et le taux de suicide des salariés est "bien inférieur à la moyenne nationale", d'après la direction.
Chez son concurrent Renault, trois salariés du Technocentre de Guyancourt (Yvelines) s'étaient donné la mort fin 2006-début 2007, puis après une période où la situation semblait se stabiliser, un ingénieur s'est suicidé mercredi dernier.
Selon le directeur des ressources humaines de PSA, Denis Martin, "la prise de conscience a été assez profonde depuis 2007. Il y a dix ans on travaillait sur la pénibilité physique, la problématique de la charge mentale est relativement nouvelle et se révèle très difficile à appréhender".
L'accord, signé par CFDT, CFE-CGC, FO, CFTC et GSEA (autonome) et s'appliquant aux quelque 85.000 salariés de la division automobile en France, avant d'être étendu aux sites européens, donne des clés pour mesurer le stress.
PSA compte s'appuyer sur les médecins du travail - 45 sur 55 sont déjà volontaires - et les managers, qui vont suivre une formation sur la prévention du stress et sont appelés à la vigilance.
Les premiers peuvent proposer des questionnaires anonymes lors des visites périodiques, qui permettront de mesurer au plan national le niveau de stress, et aussi de prendre en charge les cas individuels.
La lutte contre le harcèlement est réaffirmée et des boîtes aux lettres pour signaler les cas maintenues.
Le cabinet Stimulus, qui avait réalisé à partir de 2007 un audit dans trois sites, montrant qu'un salarié sur cinq en avait un niveau de stress trop élevé, établira un rapport annuel. PSA prévoit de déployer des plans d'action sur ces bases.
En outre, il pérennise le numéro vert d'écoute psychologique et les cellules de veille sur les sites, mis en place après les suicides en 2007.
L'accord s'inscrit dans le modèle de gestion de Toyota, appelé "Lean", qui cherche notamment "à éradiquer les formes de pénibilité contraires à un fonctionnement efficace et serein".
"Par cet accord, les salariés auront de plus en plus leur capacité d’expression, concernant les nouvelles organisations du travail", s'est félicitée la CFDT. "Tous les sites vont enfin avoir la même base de travail", relève la CFTC.
La CGT non-signataire assène que l'accord est une "coquille vide", ne répondant pas à sa demande de diminution de la charge de travail. "Les managers ont déjà trop de tâches", d'après elle, d'autant que PSA est en train d'achever un plan de 3.550 départs volontaires lancé en janvier.