L'économie allemande a montré quelques signes de redressement vendredi, preuve d'un début de rebond après un hiver long et froid, même si des risques continuent de menacer cette amélioration.
"L'horizon s'est de nouveau éclairci pour l'économie allemande après le ralentissement de la fin de 2012", a assuré la Bundesbank dans son rapport annuel, ce qui ne l'a pas empêché, comme l'avait fait le FMI lundi, d'abaisser ses prévisions de croissance pour l'Allemagne pour tenir compte du ralentissement plus marqué que prévu de l'hiver.
La croissance économique est désormais attendue par la Bundesbank à 0,3% pour 2013 et 1,5% pour 2014.
Vendredi, à la fois l'excédent commercial d'avril que la production industrielle ont surpris positivement les analystes.
En données brutes, l'excédent commercial a reculé à 18,1 milliards d'euros en avril contre 18,8 milliards en mars, mais il a légèrement augmenté à 17,7 milliards d'euros, en données corrigées.
"Le commerce extérieur allemand reprend des couleurs après ses faibles performances du premier trimestre de l'année", a estimé Johannes Gareis, économiste chez Natixis. En effet, après plusieurs mois de hausse, les analystes craignaient un repli technique plus marqué.
Moteur important de l'économie allemande, les exportations ont notamment grimpé de 8,5% en avril sur un an, soutenues par une forte demande en dehors de l'Europe, après des reculs de 4,2% en mars et de 2,8% en février qui avaient suscité des inquiétudes parmi les observateurs.
La production industrielle d'avril a aussi fait bien mieux que prévu, avec une hausse de 1,8% en avril (en données corrigées), faisant suite à un rebond déjà de 1,2% en mars. Cela s'explique surtout par le regain de vigueur du BTP qui avait particulièrement souffert les mois précédents en raison de l'hiver prolongé.
Dans le détail, le BTP a progressé de 6,7% et l'industrie de 1,5%, compensant largement le repli de 1,5% du secteur de l'énergie qui avait bondi en mars.
"Après l'affaiblissement connu sur la deuxième moitié de l'année 2012, la production de l'industrie dans son ensemble croît de nouveau depuis février", a mis en avant le ministère de l'Economie, estimant que "les perspectives d'un bon deuxième trimestre se sont encore renforcées".
Ces chiffres montrent "clairement une tendance à la hausse de l'activité industrielle après le recul de l'automne et de l'hiver", estime Alexander Koch, économiste chez Unicredit, alors que le PIB allemand a reculé de 0,6% au 4e trimestre 2012 et regagné seulement 0,1% au 1er trimestre.
Si cette forte progression s'explique aussi par une base de comparaison favorable, "l'industrie allemande a réussi un démarrage du 2e trimestre éblouissant", s'enthousiasme aussi Heinrich Bayer, de Postbank.
Pour les mois à venir, le chiffre d'avril des commandes industrielles, publié jeudi, a pourtant lancé un signal négatif avec un recul de 2,3%, rappelant que si plusieurs données récentes, comme le rebond du moral des entrepreneurs, ont renforcé la confiance en un redémarrage économique, les risques demeurent.
"Il ne faut pas s'attendre à une forte reprise de l'économie", prévient ainsi Johannes Gareis.
Jennifer McKeown, économiste de Capital Economics, continue aussi d'attendre une reprise économique de l'Allemagne "très modeste".
"Même si on estime que le rebond industriel va se poursuivre, vu la hausse du chômage et les faibles ventes de détail, une faiblesse persistante dans le secteur des services pourrait l'annuler", explique-t-elle.
Pour la Bundesbank, c'est surtout la conjoncture hors d'Allemagne qui créé beaucoup de points d'interrogation sur la suite de l'année.
Mettant en garde contre un relâchement au niveau de la consolidation budgétaire et des efforts de réformes, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, fervent défenseur de l'orthodoxie monétaire, estime que "beaucoup dépendra de la stabilisation ou non des pays de la zone euro en crise" et d'un véritable redressement de l'économie mondiale.