Le groupe diversifié français Vivendi, engagé dans une réflexion sur sa configuration future, a exclu jeudi le scénario de la "scission brutale" prôné par certains analystes, à l'occasion de la publication de résultats trimestriels en baisse mais meilleurs que prévu.
Le groupe de télécoms et de divertissement, qui a engagé une réflexion stratégique, n'a fourni aucun détail sur les options qu'il envisage de prendre, se contentant d'exclure le scénario d'une "scission brutale" entre les segments médias et télécoms qui "ne fonctionne pas", selon le directeur financier, Philippe Capron.
"Nous poursuivons, avec le conseil de surveillance, nos travaux relatifs aux orientations stratégiques pour Vivendi. Nous communiquerons en temps utile sur les nécessaires évolutions du groupe", a indiqué le président du directoire Jean-François Dubos, qui a remplacé, au début de l'été, Jean-Bernard Lévy, parti sur fond de divergences avec le conseil de surveillance sur l'avenir du conglomérat.
"Rien n'est tabou et nous prenons le temps d'examiner toutes les hypothèses", a poursuivi M. Capron, qui estime qu'avec un scénario de scission brutale, "on n'arriverait pas à répartir la dette" qui représente environ 14 milliards.
"Les télécoms ne peuvent pas reprendre toute la dette"
"L'activité média ne supporte pas beaucoup de dette et les télécoms ne peuvent pas reprendre toute la dette", au risque de mettre en danger leur note de qualité auprès des agences de notation.
Les dirigeants du groupe français Vivendi ont engagé depuis plusieurs mois une réflexion pour réduire la décote de holding dont souffre leur entreprise, et depuis lors, la rumeur d'une scission court dans la presse.
Le scénario envisagé par la presse était la division du groupe en deux compagnies indépendantes, l'une regroupant ses actifs dans les médias (Activision Blizzard, UMG et Canal+), l'autre dans les services de télécommunications (SFR, GVT et Maroc Telecom).
Cette rumeur avait encore grossi quand, après avoir confié à Bertrand Meheut, "une mission de réflexion pour le développement des médias et des contenus", en parallèle avec ses fonctions actuelles de président du directoire de Groupe Canal+, le groupe avait annoncé il y a dix jours la création d'une direction générale coiffant l'ensemble de ses activités télécoms, confiée à Jean-Yves Charlier, actuellement membre du conseil de surveillance.
Mais le groupe martèle qu'il compte prendre son temps et attendre notamment le résultat des observations de M. Meheut ainsi que celles de M. Charlier qui, lui aussi "participera à la réflexion stratégique du groupe".
Reste maintenant la piste de la cession de certains actifs, renforcée jeudi par l'assurance que le groupe réduirait sa dette s'il effectuait une vente de ses actifs.
En attendant ces nouvelles dispositions, le chiffre d'affaires du conglomérat a reculé de 1,5%, d'avril à juin, à 6,96 milliards d'euros, comme prévu par le marché.
Le résultat net ajusté qui a reculé de 20% à 706 millions d'euros est lui plus élevé que les 646 millions attendus par les analystes.
"SFR, la filiale spécialisée dans la téléphonie en France, résiste mieux que prévu", notamment du point de vue de la rentabilité, malgré l'offensive de Free, souligne Jean-Michel Köster, analyste chez CM-CIC Securities.
Cela a permis à M. Dubos de confirmer la prévision de dette nette inférieure à 14 milliards à fin 2012.
Il a également confirmé la prévision de résultat net ajusté pour 2012, qui devrait s'établir au-dessus de 2,5 milliards d'euros "avant impact des opérations annoncées au second semestre 2011 (achats d'EMI et fusion des activités polonaises de télévision avec ITI-TVN pour lesquelles les décisions des autorités de la concurrence européenne sont attendues respectivement en septembre et au dernier trimestre, ainsi que de Direct 8 et de Direct Star) et des charges de restructuration des activités télécoms".
A la Bourse, le titre progressait de 3,31% à 15,61 euros dans un marché en repli de 0,29% à 14H18 (12H18 GMT).