La hausse des coûts et les troubles sociaux dans les mines de platine sud-africaines pourraient mettre en danger quelque 121.500 emplois, et 60% de la production, ces deux prochaines années, a averti mardi la banque japonaise Nomura.
La hausse des coûts d'exploitation --en raison des augmentations de salaires, du durcissement de la réglementation, de la hausse des tarifs de l'électricité et de la nécessité de trouver des filons plus profonds-- ainsi que les risques politiques et sociaux vont obliger les mines à réduire leurs opérations pour limiter les pertes, selon les analystes de Nomura.
Ils brossent un sombre tableau d'un secteur qui produit près de 80% du platine mondial, et qui a été profondément marqué par la tragédie de Marikana (nord), où la police a tiré sur des grévistes, faisant 34 morts, en août 2012. Les mines sont toujours agitées par de sanglantes rivalités syndicales, principalement entre le NUM, proche du pouvoir, et le syndicat Amcu, qui conteste sa suprématie et bouleverse l'ordre établi en négligeant les canaux traditionnels de dialogue social, n'hésitant pas à maintenir la pression en multipliant les débrayages.
"Il y a environ 24.000 emplois à risque l'an prochain (et) 121.500 en 2015", écrivent-ils, avec à la clef des baisses de la production de 14% en 2014 et 59% en 2015. "C'est un nombre énorme, à la fois en termes absolus et en poids politique."
Le secteur des métaux du groupe platine employait environ 195.000 personnes en 2011, selon les derniers chiffres de la Chambre des mines d'Afrique du Sud.
Ces chiffres dépassent largement les plans actuels du numéro un mondial du secteur, Anglo American Platinum (Amplats), qui veut supprimer environ 6.000 emplois dans le pays. Le groupe voulait se séparer de 14.000 employés, mais a reculé devant les menaces de grève et la pression du gouvernement, qui prépare déjà les élections d'avril 2014.
Selon Nomura, de nombreuses compagnies minières pourraient annoncer des plans sociaux après les élections.