RENNES (Reuters) - Des peines allant de deux mois à un an et demi de prison ferme ont été prononcées vendredi à l'encontre de cinq militants du mouvement anti-écotaxe des "Bonnets rouges" jugés en début de semaine pour association de malfaiteurs, dégradation et destruction de biens publics.
Trois de ces militants écopent de trois ans d'emprisonnement dont dix-huit mois avec sursis, des peines qui vont au-delà des réquisitions du parquet qui avait réclamé trois ans de prison dont deux avec sursis pour quatre des onze prévenus.
Un quatrième prévenu a été condamné à deux ans d'emprisonnement dont un an avec sursis et un cinquième à six mois dont quatre avec sursis.
Il était notamment reproché aux prévenus d'avoir détruit un portique écotaxe à Pontorson (Manche) fin 2013, d'avoir préparé des actions violentes, comme la destruction d'une antenne de téléphonie mobile, et des violences à l'égard des forces de l'ordre lors des manifestations organisées par le mouvement.
Le tribunal correctionnel de Rennes a également prononcé des peines d'un an à six mois de prison avec sursis contre six autres prévenus qui ont comparu devant le tribunal pour des faits similaires mais avec de moindres degrés d'implication.
La dangerosité et les risques provoqués par la destruction du portique écotaxe de Pontorson, effectuée clandestinement, est un des éléments majeurs mis en avant par le tribunal pour motiver les peines de prison ferme.
"Les décisions du tribunal sont compréhensibles politiquement mais pas acceptables juridiquement car elles ne reflètent pas les actes qui ont été commis", a déclaré Me Arnaud Delomel, l'un des avocats des prévenus qui ont dix jours pour faire appel.
"DÉRIVE VIOLENTE ET CLANDESTINE"
Dans son réquisitoire, le procureur Arnaud Marie avait fustigé mercredi "la dérive violente et clandestine" d'individus ayant "une représentation fantasmée du combat politique".
"Il y a eu des débordements, des actions clandestines qui portaient en germe des risques majeurs pour la vie de nos concitoyens, des risques de blessures graves", a t-il déclaré devant le tribunal, soulignant chez les prévenus "une indifférence aux enjeux et aux conséquences de leurs actes".
Le procureur a également relevé les différents "moyens matériels" retrouvés chez certains prévenus, tels des cocktails molotov, des bonbonnes d'acide, des boucliers ou encore des barres de fer, comme preuves tangibles d'une volonté d'actions violentes lors des manifestations des Bonnets rouges.
Agés de 21 à 47 ans, boucher, infirmier, pêcheur, chômeur ou étudiant, les prévenus ont mis en avant des motivations diverses, certains se réclamant de mouvements indépendantistes bretons, d'autres évoquant seulement un "ras-le-bol fiscal".
L'un des porte-paroles des Bonnets rouges, Jean-Pierre Le Mat, est venu mardi témoigner à la barre pour soutenir les prévenus et justifier l'usage de la violence.
"Les Bonnets rouges ne s'interdisent pas la violence. Faut-il interdire la violence quand le territoire est en danger? Les portiques écotaxe représentaient l'injustice et la lourdeur fiscale comme une Bastille à faire tomber", a t-il déclaré.
(Pierre-Henri Allain, édité par Yves Clarisse)