L'agroalimentaire, qui se revendique le premier secteur industriel français, résiste à la crise et souhaite être mieux pris en considération par le nouveau gouvernement, surtout en raison de sa forte présence sur l'ensemble du territoire.
"Malgré des turbulences économiques, climatiques et géopolitiques, le secteur s'en sort plutôt bien", a déclaré mardi Jean-René Buisson, président de l'association des industriels alimentaires (Ania), le syndicat patronal du secteur.
Les industriels de l'alimentaire ont enregistré une hausse de 6,8% de leur chiffre d'affaires en 2011, à 157,2 milliards d'euros. Hors inflation, la hausse est ramenée à 1,5%.
Le secteur a réussi, dans un contexte de hausse des prix des matières premières agricoles (+31% en 2011), à augmenter ses prix à la sortie d'usine.
M. Buisson s'est félicité que son secteur passe désormais sous la tutelle du ministère de l'Agriculture. "C'est une première et c'est un signe positif", a-t-il déclaré. Une rencontre est prévue le 4 juin avec le nouveau ministre, Stéphane Le Foll.
"Notre sort est lié à celui de l'Agriculture", a estimé M. Buisson, en accord avec Xavier Beulin, le patron de la FNSEA, principal syndicat agricole du pays.
Ce dernier avait appelé, pendant la campagne présidentielle, au regroupement des deux secteurs dans un seul ministère. Il a obtenu gain de cause. De surcroît, le nouveau portefeuille a échu à Stéphane Le Foll, un spécialiste de l'agriculture très proche du président François Hollande.
L'agroalimentaire affiche des performances qui en font le premier secteur industriel français, devant les matériels de transport (automobile, aéronautique, ferroviaire, naval) pour ce qui est du chiffre d'affaires et devant la métallurgie en termes d'emploi, souligne l'Ania.
Les effectifs des 10.500 entreprises de la filière, pour l'essentiel des PME voire des TPE, sont restés stables l'an dernier à un demi-million de salariés, alors que ceux du secteur industriel dans son ensemble ont reculé de 16%, fait valoir Jean-René Buisson.
"Nous représentons 20% du secteur industriel français et en plus nos usines restent en France, près de leurs sources d'approvisionnement", a-t-il souligné mardi.
M. Buisson a aussi vanté la bonne santé de l'agroalimentaire avec une réduction du taux de défaillances. En 2011, 165 entreprises ont cessé leur activité, un chiffre bien inférieur à ceux des années précédentes qui avoisinaient les 260 à 400.
Cette amélioration s'explique en partie par "l'assainissement du tissu industriel" après la crise de 2008-2009 lorsque les industries fragilisées ont alors mis la clef sous la porte, a expliqué Alexander Law, économiste à l'Ania.
Après la "très bonne performance" de 2011, les responsables de l'agroalimentaire visent cette année une croissance de l'ordre de 1,5%, mais ne se hasardent pas à faire de prévisions pour 2013.
Sur les deux années, les "turbulences" menacent de perdurer avec la poursuite de la hausse des matières premières agricoles, a prévenu M. Buisson.
Le président de l'Ania s'est félicité de la progression de l'excédent commercial agroalimentaire, qui s'est élevé en 2011 à plus de 11 milliards d'euros quand le déficit de la France plongeait à -70 milliards.
Il a toutefois pointé que la performance était surtout due à deux secteurs, les vins et spiritueux d'un côté et les produits laitiers de l'autre.
Dans l'ensemble, la France perd des parts de marché aux niveaux mondial et européen et se retrouve aujourd'hui 4e exportatrice mondiale dans l'agroalimentaire, talonnée par le Brésil.