Le constructeur automobile français Renault va lancer sur le marché indien une voiture à bas prix visant à concurrencer la voiture la moins chère du monde, la Tata Nano, un créneau de plus en plus convoité par les géants automobiles.
Le nouveau modèle sera commercialisé en 2012 en partenariat avec le constructeur indien Bajaj, a annoncé mardi à New Delhi le patron de la marque au losange, Carlos Ghosn, à l'occasion d'un forum économique.
"Il y a une demande pour ce type de produit hautement innovant non seulement sur le marché indien mais aussi sur d'autres marchés émergents où il devient crucial de proposer des moyens de transport individuels à des prix abordables", a résumé M. Ghosn, faisant valoir le "prix compétitif" et l'efficacité énergétique du nouveau modèle.
En lançant sa Nano le 23 mars, le PDG du groupe indien Tata avait déjà expliqué viser les dizaines de millions de foyers indiens positionnés entre les classes urbaines bourgeoises et les milieux défavorisés. Ceux-ci s'entassent sur des deux-roues à 1.000 dollars sans pouvoir s'offrir une petite auto à 4.000 dollars.
Dans un marché où les petits modèles représentent quelque 70% des ventes de véhicules neufs, Renault entend donc suivre la roue de Tata qui propose une voiture compacte à 2.000 dollars (environ 1.300 euros) dans sa version de base, considérée comme la voiture la moins chère du monde.
Même si le prix du futur modèle, qui devrait arborer le logo de Renault, n'a pas été dévoilé, Carlos Ghosn a indiqué que celui-ci serait "incroyable". Le groupe, déjà présent en Inde avec la Mégane, avait annoncé plus tôt un prix avoisinant les 3.000 dollars (2.000 euros).
Le design, la conception et la production seront réalisés par Bajaj, un spécialiste des deux et trois-roues, tandis que la commercialisation et la distribution seront dirigées par Renault-Nissan.
Les deux groupes avaient annoncé en 2008 leur partenariat pour construire un véhicule à prix modéré mais des informations de presse avaient fait état de désaccords entre eux. "Nous sommes aujourd'hui en total accord", a affirmé M. Ghosn à des journalistes.
"Ma visite en Inde a renforcé ma conviction que ce marché va être de plus en plus important pour Renault-Nissan. Je suis sûr que nous allons poursuivre les bonnes stratégies avec les bons partenaires pour réussir en Inde", a commenté dans un communiqué le patron du groupe français.
En septembre dernier, le constructeur américain Ford avait lui aussi annoncé le lancement en Inde début 2010 d'un nouveau modèle, la Figo, pour un prix qualifié également de "très compétitif". Son usine dans le sud de l'Inde produira 200.000 voitures par an, dont certaines seront destinées à l'export.
Sur ce marché lucratifs des voitures compactes, Renault devra en outre se battre contre de sérieux poids lourds déjà bien implantés, comme Maruti-Suzuki, qui détient à lui seul 50% des parts de marché, le sud-coréen Hyundaï et l'américain General Motors.
Malgré le boom des dernières années, le marché indien est encore balbutiant avec 7 à 8 voitures pour 1.000 habitants contre 850 aux Etats-Unis par exemple.
Le pays, qui a engagé un vaste programme d'infrastructures routières pour améliorer les réseaux de communication et dégongestionner le trafic, estime que les ventes de voitures devraient quadrupler d'ici 2016, représentant un marché de 145 milliards de dollars.