Le gouvernement a haussé le ton contre le constructeur automobile PSA Peugeot Citroën pour qu'il précise le sort réservé à plusieurs de ses usines en France, dont celle d'Aulnay-sous-Bois, ce qui devrait être fait lors de deux comités d'entreprise extraordinaire en juillet.
Dans une lettre adressée vendredi au président du directoire de PSA Philippe Varin et transmise samedi à l'AFP, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg demande que "la direction fasse connaître ses intentions au plus vite et de façon précise".
M. Montebourg demande aussi d'"engager sans délai le dialogue social, et d'en faire une arme collective pour affronter vos éventuelles difficultés dans le respect de vos salariés".
Fait exceptionnel, M. Montebourg a nommé Emmanuel Sartorius comme expert gouvernemental pour mieux comprendre la situation réelle de l'entreprise. Il "doit permettre au gouvernement, au groupe PSA et aux salariés d'avoir une vision précise de la situation du groupe et des solutions que nous pourrions envisager en fonction de l'état réel de l'entreprise", selon le ministère.
"Pour le moment, PSA ne nous a pas fourni les éléments nécessaires permettant de juger de la santé du groupe", ajoute le ministère.
Le ministre a aussi promis de présenter "prochainement (...) un plan d'actions pour l'avenir de la filière automobile française", une initiative saluée par le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, également président du conseil général de Seine-Saint-Denis.
La situation du premier constructeur automobile français est mauvaise. Malgré plusieurs mesures d'économies prises depuis 2009, le départ de salariés, le gel de projets et la vente d'actifs, il n'arrive pas à redresser la barre. Il souffre de la chute des ventes en Europe, son principal marché.
PSA va aller encore plus loin puisque M. Varin a annoncé jeudi que "des mesures complémentaires seront nécessaires", selon un syndicaliste.
Elles toucheront ses sites de production, mais aussi la recherche de développement, son personnel dit "de structure" (c'est-à-dire hors production).
"La direction nous incite à aller voir ailleurs"
PSA a aussi annoncé jeudi la tenue d'un CCE extraordinaire bien avant fin juillet.
Il y sera question de "l'avenir de l'ensemble de nos sites industriels", a expliqué le directeur industriel Denis Martin, sans exclure l'hypothèse d'une fermeture d'Aulnay-sous-Bois, l'un des plus gros employeur de Seine-Saint-Denis avec 3.300 salariés qui fabriquent la Citroën C3, également assemblée à Poissy (Yvelines).
"Il y a un certain nombre de dispositions à prendre vis-à-vis des autres établissements, entre autres l'établissement de Rennes", avait-il encore averti.
Le groupe devrait préciser ses intentions lors de deux CCE extraordinaires, les 12 et 25 juillet, a appris l'AFP auprès d'une source proche du dossier. C'est aussi le 25 juillet qu'il présentera ses résultats semestriels, qui devraient être mauvais.
PSA, contacté par l'AFP, n'a fait aucun commentaire.
De son côté, le délégué CGT du site d'Aulnay, Jean-Pierre Mercier s'est montré critique vis-à-vis du ministre. Il assure que "toute la France sait qu'ils (les dirigeants de PSA, NDLR) veulent fermer Aulnay. (...) Que la seule personne qui n'ait pas compris ça soit le ministre du Redressement productif, ça en devient choquant !"
Les salariés d'Aulnay attendent d'être fixés sur leur sort depuis plus d'un an, après la révélation par la CGT d'un document de travail interne évoquant une fermeture d'Aulnay en 2014.
L'inquiétude des syndicats a encore grandi avec l'annonce fin février du rapprochement avec le géant américain General Motors, qui a pris 7% du capital de PSA. GM perd de l'argent en Europe via sa filiale Opel, qui a présenté jeudi un plan de redressement.
Du coup, l'ambiance est morose. "La direction nous incite déjà depuis plusieurs mois à aller voir ailleurs", raconte un cadre. "C'est choquant et démotivant."