Les services secrets français privilégient la piste chinoise dans l'affaire d'espionnage industriel frappant le constructeur automobile Renault, assure vendredi le Figaro, qui ne cite pas ses sources.
"Renault soupçonne un acteur chinois, selon plusieurs sources internes", écrit le quotidien. "Les services secrets français, qui prennent cette affaire au sérieux, ont démarré une enquête qui privilégie également la piste chinoise, selon nos informations", poursuit-il.
De son côté, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a toutefois indiqué vendredi à l'AFP qu'elle n'était "pas judiciairement saisie à ce jour" de l'affaire, mais d'autres sources estiment que le contre-espionnage français enquête déjà sur le dossier.
"La DCRI n'est pas saisie judiciairement à ce jour. Rien ne lui a été demandé", a déclaré à l'AFP un responsable de ce service de renseignement.
D'autres sources de renseignement avaient dit auparavant à l'AFP qu'une sous-direction du patrimoine économique de la DCRI avait été saisie de cette affaire d'espionnage industriel au sein du constructeur automobile français.
"La sous-direction de la protection économique de la DCRI est sur le coup", a ainsi estimé une source proche du dossier.
Le député et spécialiste des questions d'intelligence économique Bernard Carayon a pour sa part indiqué vendredi à l'AFP que la piste chinoise était prise au sérieux dans l'affaire d'espionnage industriel frappant le constructeur automobile Renault.
"Les soupçons se portent effectivement dans cette direction", a-t-il assuré en réaction aux informations du Figaro évoquant cette piste.
Interrogé par l'AFP, Renault s'est refusé à tout commentaire.
Le gouvernement a qualifié jeudi de "guerre économique" cette affaire d'espionnage visant des projets phare de voitures électriques.
Renault a mis à pied lundi trois cadres dirigeants soupçonnés d'avoir diffusé à l'extérieur des informations sensibles. Le groupe a justifié cette mesure exceptionnelle par la nécessité "de protéger, sans attendre, les actifs stratégiques, intellectuels et technologiques de notre entreprise".
Le constructeur automobile, encore détenu à 15% par l'Etat français, et son allié japonais Nissan ont déjà investi 4 milliards d'euros dans le développement de la voiture électrique. Le tandem ambitionne de devenir leader mondial de ce secteur dans lequel il s'est engagé avant la plupart de ses concurrents. Il a encore plus d'une centaine de brevets en cours de finalisation.
Renault va commercialiser au milieu de l'année deux modèles en version électrique, la berline familiale Fluence et l'utilitaire Kangoo Express. Il prévoit de lancer deux autres modèles d'ici mi-2012: le petit véhicule Twizy et la petite berline Zoe.
Selon des sources proches du dossier, un des cadres mis à pied fait partie du comité de direction de Renault, un autre travaille sur le programme des véhicules électriques.