La zone euro va plonger en récession cette année pour la deuxième fois en trois ans et n'est pas encore sortie de la crise de la dette, a prévenu jeudi la Commission européenne, qui perçoit toutefois des signes de stabilisation à l'horizon.
Le Produit intérieur brut de la zone euro doit se replier de 0,3% en 2012, selon des prévisions économiques publiées jeudi par l'exécutif européen, qui avait déjà prévenu d'un tel risque en raison de la crise de la dette, sans jamais le traduire en chiffre. A l'automne dernier, la Commission européenne tablait encore sur une croissance de 0,5% pour la zone euro en 2012.
Entre-temps, l'ébauche de reprise observée fin 2011 a fait long feu tandis que l'économie mondiale a ralenti, pointe le rapport de la Commission.
A cela, se sont ajoutées l'enlisement de certains pays dans la crise de la dette, la fragilité des marchés et le ralentissement de l'économie réelle. Au bout du compte, il est trop tôt de l'avis de Bruxelles pour penser que la crise de la dette est terminée.
La combinaison de ces trois éléments montre que le cercle vicieux de cette crise "n'est pas encore rompu", selon l'exécutif européen, même si la zone euro a fait des progrès.
Au total, huit pays de la zone euro vont être en récession en 2012. Parmi eux, l'Italie (-1,3% de PIB) et l'Espagne (-1%), durement touchées par la crise de la dette, ainsi que la Belgique (-0,1% de PIB) et les Pays-Bas (-0,9% de PIB), pourtant considéré comme un des pays les plus solides de la zone euro.
La situation la plus critique concerne la Grèce qui va subir sa cinquième année de récession. La Commission attend même une contraction de l'activité plus prononcée que prévu (-4,4%) contre un repli de 2,8% pronostiqué à l'automne.
Malgré tout, la récession que devrait traverser la zone euro est "modérée", a fait valoir le commissaire européen aux Affaires européennes, Olli Rehn, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. La dernière récession dans l'Union monétaire remontait à 2009 avec un repli bien plus prononcé de l'activité, de 4,3%.
"La publication récemment de certains indicateurs laissent penser que le ralentissement de l'activité sera (...) temporaire mais le tournant devra être confirmé dans les mois qui viennent et dépendra des décisions prises par les différents gouvernements", a poursuivi M. Rehn.
Selon les estimations de la Commission, la zone euro devrait renouer avec la croissance mi-2012, mais la reprise sera faible, reflétant un retour très progressif de la confiance des entreprises comme des consommateurs après les nombreuses mesures d'austérité mises en place dans les Etats.
L'Europe dans son ensemble cherche la parade pour renouer avec la croissance.
Cette question sera abordée lors du prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne les 1er et 2 mars. Toutefois, les 27 ne privilégient pas les mêmes recettes: la France et l'Allemagne militent pour une "accélération" de la coordination fiscale par exemple pour éviter le "dumping".
Pendant ce temps, douze pays européens dont la Grande-Bretagne et l'Italie misent eux sur des recettes ultra-libérales pour sortir de la crise et ont adressé en ce sens une lettre à l'UE.
Ils appellent à réduire les aides d'Etat pour soutenir les banques ou encore à assouplir drastiquement le marché du travail. Ils souhaitent également la levée des dernières barrières commerciales avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine ainsi que la libéralisation totale du secteur de l'énergie d'ici 2014.
L'Union européenne devrait échapper de justesse à la récession en 2012, selon Bruxelles, avec une stagnation de l'activité attendue après une croissance de 1,5% l'an dernier.