TOULOUSE (Reuters) - Une semaine avant le salon du Bourget, la CGT d'Airbus (PARIS:AIR) et d'une dizaine de sociétés sous-traitantes du secteur aéronautique s'inquiètent des conséquences pour l'emploi de l'absence de nouveaux programmes chez le constructeur avant une décennie.
L'avionneur européen, qui affiche des carnets de commandes pleins pour huit ans, est actuellement dans une phase de production. Pour la coordination, 3.000 à 5.000 emplois seraient menacés d'ici 2020, sur les 7.500 que compte le secteur aéronautique en Midi-Pyrénées, selon le syndicat.
"Depuis la fin des programmes A350, nous tentons d'alerter les pouvoirs publics sur la baisse de charges dans les bureaux d'études du secteur aéronautique", explique à Reuters Robert Amade, délégué CGT de Sogeti High Tech.
"En 2014, il y a eu une baisse de 5% des effectifs, un phénomène qui va s'accentuer en 2016 et 2017 si rien n'est fait", ajoute ce membre de la Coordination CGT Airbus-SII, qui rassemble depuis 2013 les représentants du syndicat chez Airbus et les sociétés sous-traitantes du secteur aéronautique.
Selon cette coordination, qui organise mercredi à Toulouse les états généraux de l'aéronautique pour alerter les pouvoirs publics sur la baisse de charges de l'ingénierie en Midi-Pyrénées, l'entreprise Atos aurait par exemple perdu 6% de ses effectifs dans les bureaux d'études en 2014, la société Akka 12% ou encore Sogeti High Tech 12%.
Pour les syndicalistes, Airbus a une vision stratégique à court terme et financière pour satisfaire les actionnaires.
"Les sous-traitants sont les premiers touchés par cette absence de nouveaux programmes car il y a eu un mouvement d'externalisation du donneur d'ordre ces dernières années", analyse Philippe Fernin, délégué central CGT chez Airbus.
AIRBUS SE VEUT RASSURANT
Pour Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) qui participera mercredi à une table-ronde sur les perspectives de l'aéronautique, la situation n'est pas aussi dégradée.
Les ingénieurs concernés ont été affectés sur d'autres projets, la plupart des sous-traitants ayant anticipé cette baisse de charge, selon cet acteur de l'économie toulousaine qui juge exagéré la perte de 5.000 emplois.
"Il n'y a pas de nouveau programme de rupture prévu chez Airbus mais l'avionneur prévoit quand même des modifications de programme avec l'A320 Neo, où un milliard d'euros seront investis. C'est dix fois moins qu'un programme pour développer un nouvel avion mais Airbus estime qu'il n'y a pas de besoins d'un nouvel avion actuellement", estime-t-il.
De son côté, Airbus indique "avoir dû faire appel à niveau exceptionnellement élevé de personnel à l'ingénierie ces dernières années" pour le développement concomitant des divers programmes avions, tels que l'A400M, A380, A350, Neo.
Dans les prochaines années, l'avionneur prévoit de revenir à un niveau normal de la charge de travail à l'ingénierie et de se concentrer davantage sur des innovations permettant d'apporter des améliorations aux modèles d'avions existants.
"Ces derniers mois, dans le cadre du développement incrémental nous avons lancé de nouvelles innovations tels que l'A330neo, A321LR , Beluga XL", détaille-t-il. "Nous avons organisé des sessions de travail avec eux pour les orienter dans leur diversification."
(Julie Rimbert, édité par Yves Clarisse)