Le titre Bankia a perdu jusqu'à 25% à la Bourse de Madrid vendredi, après une mise en garde du fonds d'aide public au secteur bancaire (Frob) rappelant que "les actionnaires devront participer au coût d'assainissement" de cette banque qui a demandé 23,5 milliards d'euros d'aide.
Le sauvetage de Bankia a précipité une aide européenne de 100 milliards d'euros au maximum aux banques espagnoles mais les pays de la zone euro ont imposé en échange au pays de strictes conditions, notamment à son secteur bancaire.
Le titre avait repris plus de 40% ces derniers jours, les marchés espérant le déclenchement anticipé d'une première tranche de l'aide européenne pour les banques nationalisées. Mais le communiqué du Frob, qui mentionne également Banco de Valencia, a fait l'effet d'une douche froide.
Après avoir perdu jusqu'à 25% en milieu de matinée, le titre Bankia faisait du yo-yo et chutait toujours de 16,44% à 1,355 euro vers 11H30 GMT. Banco de Valencia chutait aussi de 6,38% à 0,22 euro après avoir gagné 135% la veille.
Le Frob a rappelé que le groupe BFA-Bankia et Banco de Valencia faisait l'objet d'un "processus de révision comptable". Il a souligné que le mémorandum européen du 20 juillet concernant l'aide européenne affirmait que "les actionnaires devront participer à la couverture du coût du processus d'assainissement des entités qui bénéficient d'aides publiques".
De son côté, l'agence de notation Fitch a estimé qu'un "partage de la charge sera imposé aux détenteurs de dette subordonnée et de participation préférentielles pour les banques viables qui ont besoin de restructuration/recapitalisation".
Elle a souligné que l'une des différences de l'Espagne avec d'autres pays qui ont recouru à l'aide européenne, était "la grande proportion de ces instruments financiers qui ont été distribués par les banques alors que dans d'autres pays ils ont été souscrits par des institutionnels".
Les associations de défenses des consommateurs, qui ont entamé des actions en justice contre plusieurs banques, estiment à environ un million le nombre de foyers touchés par des produits à risques, vendus par les banques sans information adéquate, selon eux, à de simples particuliers.
"En soulignant que l'objectif est de protéger les dépôts et minimiser le coût pour le contribuable, le mémorandum pourrait être interprété comme suggérant implicitement que les détenteurs de dette puissent souffrir des pertes potentielles dans le cas des banques non-viables", a ajouté Fitch.
Plus généralement, l'agence de notation émet des doutes sur la capacité du plan européen à assainir une fois pour toutes le secteur.
"Alors que le mémorandum se veut clairement être la réforme définitive du secteur bancaire espagnol, Fitch reste prudente sur le fait que ce sera effectivement le cas, étant donné les conditions économiques et de marché très dures", affirme l'agence.
Le ministère espagnol de l'Economie a admis mercredi qu'il travaillait avec Bruxelles au déclenchement anticipé d'une aide pour Bankia et d'autres banques nationalisées, au bord du gouffre financier: Novagalicia, CatalunyaCaixa et Banco de Valencia.
Toutefois, il n'a fixé aucune date et la Commission européenne a souligné mercredi n'avoir reçu aucune demande d'activation d'une aide d'urgence.