Les déplacements en voiture coûtent en moyenne trois fois plus cher que ceux effectués en transports en commun, indépendamment des coûts de l'essence qui pèsent de moins en moins dans le budget des Français, selon une étude de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut).
Pour les trajets inférieurs à 80 km, qui représentent l'essentiel des déplacements quotidiens, chaque kilomètre en voiture coûte 25 centimes par personne contre 9 centimes en moyenne en utilisant les transports en commun (bus et TER), selon les calculs présentés vendredi par l'auteur de l'étude, l'économiste des transports Jean-Marie Beauvais.
Dans le détail, l'utilisation des transports collectifs dans les villes de province coûte plus cher (13 centimes par voyageur) qu'en Ile-de-France (11 centimes) ou que les déplacements en TER (7 centimes).
"On peut estimer que le transport public urbain de province est, en gros, 2 à 3 fois moins cher que la voiture, le transport francilien 3 à 4 fois moins cher et le TER jusqu'à 6 fois moins cher (Lyon - Saint-Etienne)", indique la Fnaut.
L'économiste a compilé et croisé plusieurs données publiques pour calculer le coût réel de l'usage d'une voiture en prenant en compte usure, entretien, réparations, assurance...
L'étude, qui passe en revue l'évolution des coûts de transport depuis les années 70, met aussi en évidence un fait surprenant: la part des dépenses de carburant dans le budget des Français a baissé depuis 30 ans.
"Aujourd'hui, cela coûte trois fois moins cher de faire 100 km qu'il y a trente ans" en termes de pouvoir d'achat, a noté Jean Sivardière, président de la Fnaut, lors de la présentation à la presse.
En effet, "les salaires ont augmenté plus vite que les prix de l'essence et les taux de fiscalité ont faibli", a-t-il expliqué.
- "eco-conduite" -
"Ce qui a le plus augmenté, c'est l'entretien et la réparation des véhicules, pas le carburant", a confirmé M. Beauvais, précisant qu'en 1970, pour payer un litre d'essence il fallait travailler 22 minutes contre 8 minutes en 2010 pour un Smic.
"La voiture coûte beaucoup plus cher que ce que croit l'automobiliste", car il y a une différence entre le coût réel et ce qu'il a l'impression de dépenser (péage, parkings, essence), développe M. Sivardière.
Pourtant, les transports en commun ne représentent que 12% des trajets de proximité. Pour inciter les automobilistes à les utiliser, la Fnaut préconise une hausse du coût d'usage de la voiture, piste " légitime et nécessaire", pour M. Sivardière.
Parmi les mesures qu'il a évoquées : l'instauration d'un péage urbain, l'augmentation du prix du stationnement en ville ou la hausse de la TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) régionale.
Conscient de l'impopularité de ces mesures alors que les prix de l'essence atteignent des sommets historiques, M. Sivardière suggère notamment d'étendre la pratique de "l'éco-conduite", des techniques de conduite plus souples, qui permettraient une économie de carburant de 15%.
En toute logique, l'association est opposée au blocage des prix de l'essence ou de la TIPP que proposent certains candidats à l'élection présidentielle comme François Hollande, partisan du blocage des prix ou Marine Le Pen qui veut réduire la TIPP.
"Réduire la TIPP de 20% comme le propose Marine Le Pen coûterait 3 milliards d'euros par an à l'Etat", estime M. Sivardière.