Le Fonds souverain Qatar Holding, deuxième actionnaire du groupe minier suisse Xstrata, réclame une amélioration des conditions de la fusion du groupe avec son concurrent Glencore, faisant peser une menace sur le projet à deux semaines d'assemblées générales cruciales censées valider le mariage.
"Qatar Holding annonce qu'il a informé Glencore que tout en voyant un intérêt dans le rapprochement des deux entreprises, il cherche à obtenir des conditions améliorées", a indiqué le fonds qatari dans un bref communiqué diffusé mardi soir à la Bourse de Londres.
Il est prévu jusqu'à présent que les actionnaires de Xstrata reçoivent 2,8 actions Glencore pour chacun de leur titre.
Mais "Qatar Holding pense qu'un ratio d'échange de 3,25 actions Glencore pour une action Xstrata assurerait une répartition plus appropriée des bénéfices lors de la fusion tout en reconnaissant de manière appropriée la valeur de Xstrata", a ajouté le fonds souverain.
Glencore, contacté par l'AFP, a refusé de commenter la demande du fonds qatari.
Qatar Holding détient 10,977% du capital de Xstrata, selon les données publiées sur le site internet de la Bourse de Londres. Cela en fait le deuxième actionnaire derrière Glencore (33,65%).
A la Bourse de Londres, où les deux groupes miniers sont cotés, Glencore reculait dans la matinée de 1,73% à 297,45 pence, tandis que Xstrata gagnait 0,07% à 785,7 pence, dans un marché en hausse de 0,48%.
"L'accord n'est pas au point mort puisque Qatar Holding voit des avantages dans une combinaison des deux groupes", ont estimé les analystes de Spreadex dans une note. Le directeur général de Glencore "Ivan Glasenberg doit maintenant retourner à ses dossiers pour mener à bien l'opération" à deux semaines des assemblées générales destinées à valider la fusion, ont-ils ajouté.
Une source proche du dossier a exprimé à l'AFP sa "surprise" quant à la demande du fonds qatari, ajoutant "qu'il faudra discuter" avec Qatar Holding. "L'évolution du secteur des matières premières (sur les marchés) ne soutient pas vraiment leur demande", a-t-elle souligné.
De fait, depuis l'annonce de la fusion en février, l'action Glencore a perdu plus de 37% de sa valeur et le titre Xstrata a reculé d'environ 38%.
Glencore avait annoncé en février son intention de fusionner avec son homologue Xstrata, créant un mastodonte du secteur pesant 90 milliards de dollars (69,3 milliards d'euros) en Bourse.
L'opération doit être finalisée au troisième trimestre de cette année, sous réserve du feu vert des actionnaires. Ceux de Glencore sont conviés à une assemblée générale le 11 juillet, et ceux de Xstrata le lendemain.
Une autre menace pèse sur l'opération. Un grand groupe d'investisseurs britanniques a émis jeudi des objections sur des primes versées aux dirigeants de Xstrata dans le cadre de la fusion et qui doivent être approuvées lors des assemblées générales. Le feu vert des porteurs pour ces bonus est la condition requise pour mener à bien la fusion.
D'après la presse britannique, plus de 70 responsables de Xstrata, y compris son patron Mick Davis, devraient se partager 217 millions de livres (271,2 millions d'euros) sur trois ans après la fusion, ces primes de fidélité étant censées assurer qu'ils restent au sein du nouveau groupe.
Glencore a confirmé dans un communiqué avoir "reçu une proposition du conseil d'administration de Xstrata concernant certains changements" pour les primes prévues, ajoutant "évaluer les propositions".