La revalorisation du Smic sera annoncée officiellement lundi et ne bénéficiera a priori d'aucun "coup de pouce" du gouvernement, ce qui devrait limiter sa hausse à 1,25% au 1er juillet, au vu des indicateurs économiques publiés vendredi par le ministère de l'Emploi.
Le montant exact de la hausse du Smic horaire sera dévoilé devant la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), où siègent syndicats, patronat et gouvernement. Et la revalorisation annuelle, applicable quels que soient l'âge, le secteur ou le lieu d'activité, prendra effet au 1er juillet.
Quelque 3,4 millions de salariés sont rémunérés sur la base du salaire minimum interprofessionnel de croissance, dont 940.000 à temps partiel. Le secteur privé non agricole (hors intérim), compte environ 2,19 millions de smicards, soit 14,1% de ses salariés.
Depuis le 1er juillet 2008, le Smic s'élève à 8,71 euros/heure, soit 1.321,02 euros bruts mensuels (environ 1.037 euros net) pour 35 heures hebdomadaires.
La revalorisation du Smic dépend de l'évolution des prix à la consommation sur un an, hors tabac, pour les ménages urbains dont le chef de famille est ouvrier ou employé. Mais comme cette évolution est négative (-0,2% de mai 2008 à mai 2009), l'administration en ferait abstraction cette année.
S'ajoute ensuite la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier (SHBO), soit 1,25% cette année, puisque le gain de pouvoir d'achat du SHBO a atteint 2,5% sur un an, selon les données publiées vendredi.
Indépendamment de cette double indexation, inscrite dans la loi après mai 1968, le gouvernement peut ou non ajouter un "coup de pouce", catégoriquement exclu depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République.
2009 serait la troisième année consécutive sans coup de pouce.
Dans sa plateforme de revendications, l'ensemble des syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, Unsa) est unanime pour demander une revalorisation plus forte, pour soutenir la consommation.
La récession se nourrit notamment, selon les syndicats, de la faiblesse des salaires, qui a favorisé une spirale de l'endettement à l'origine de la crise aux Etats-Unis.
La CGT, pour un Smic à 1.600 euros bruts, juge que le refus du gouvernement est une "injustice" qui "fait reposer sur des millions de salariés faiblement rémunérés, souvent en emploi précaire et partiel, l'essentiel du poids de la crise".
La CFDT a demandé au gouvernement "d'être logique": "ou il augmente le Smic, ou il change le système d'aides aux entreprises (...) totalement centré sur le Smic". Les entreprises perçoivent plus d'allègements de cotisations pour les salariés qu'elles payent au Smic ou près du Smic.
L'annonce de la revalorisation du Smic interviendra le jour d'un discours de Nicolas Sarkozy devant les parlementaires en Congrès à Versailles, où le président devrait notamment revenir sur la crise.
Après un discours à la tonalité sociale devant l'Organisation internationale du travail (OIT) à Genève le 15 juin, plusieurs syndicats français ont appelé le chef de l'Etat à "ne pas se contenter de belles déclarations" (CFE-CGC, CFDT) ou pointé la contradiction avec les réformes conduites en France (CFTC).
Si pour les syndicats, le Smic est une arme anti-crise, un groupe d'experts, consulté pour la première fois cette année, a conforté le gouvernement dans son idée qu'augmenter le Smic au-delà du minimum légal nuirait à l'emploi.