Les deux constructeurs automobiles français ont affiché vendredi leur santé retrouvée, en remboursant de manière anticipée une partie de leur dette envers l'Etat, au grand bonheur du Premier ministre François Fillon qui a visité une usine de PSA Peugeot Citroën.
"Aujourd'hui nous signons une convention de remboursement anticipé de ces prêts. Qui l'aurait imaginé il y a un an et demi, au coeur de la crise?", s'est félicité François Fillon, lors de son déplacement sur le site de Sochaux.
Renault et PSA avaient annoncé quelques heures plus tôt qu'ils allaient rembourser plus tôt que prévu un tiers des prêts avantageux accordés au plus fort de la crise. Soit 1 milliard d'euros chacun.
Le calendrier prévoyait un étalement du remboursement à partir de 2011 et jusqu'en 2014. Mais ces derniers mois, les deux groupes avaient prévenu qu'ils envisageaient d'accélérer le processus.
Ils ont en effet profité à plein des dispositifs publics de soutien à la filière automobile, et notamment de la prime à la casse qui leur a permis de voir leurs ventes s'envoler jusqu'à la mi-2010.
Résultat, PSA est revenu dans le vert au premier semestre, avec un bénéfice de 680 millions d'euros, contre une perte de près d'un milliard un an plus tôt. Renault a quant à lui nettement réduit son déficit.
"Quand on soutient des secteurs essentiels pour notre économie, quand on préserve leur avenir, je crois qu'on peut dire que l'argent des contribuables n'est pas utilisé à mauvais escient", a dit M. Fillon, après avoir avoir lui-même testé vendredi, sous un grand soleil, deux modèles de voitures.
Au plus fort de la crise, le gouvernement, à l'instar de ses voisins européens, avait décidé d'une série de mesures de soutien à l'automobile, dont dépend au total "10% (des) emplois" en France, a rappelé le Premier ministre.
"Trop longtemps on a présenté la désindustrialisation comme une fatalité pour notre pays. (...) Mais nous pouvons tenir le choc", a-t-il affirmé.
Pour la CGT de la Métallurgie, la "précipitation" avec laquelle les deux constructeurs ont remboursé l'Etat trahit la volonté de leurs dirigeants de "s’affranchir au plus vite des contraintes de ce prêt d’Etat: pas de licenciements, pas de stock-options, pas de dividendes pour les actionnaires".
M. Fillon a saisi l'occasion pour revenir sur l'impopulaire réforme des retraites. "Chacun d'entre vous a sans doute son opinion personnelle sur cette réforme. (...) Mais peut-on nous accuser de faire notre devoir?", a-t-il dit, devant un parterre silencieux de salariés de PSA.
A l'entrée de l'usine, quelques minutes plus tôt, quelques dizaines de militants CGT avait profité de la visite officielle pour brandir des banderoles hostiles à la réforme, aux cris de "60 ans, ça suffit, 62, non merci".
M. Fillon "ne convainc personne de ceux qui sont ici", a de son côté ironisé le socialiste Pierre Moscovici, présent en sa qualité de député. "C'est le fleuron (industriel) qui a été visité, la réalité elle est peut-être un peu ignorée", a-t-il ajouté.
Après une année record en 2009, les ventes de voitures devraient baisser de 10% cette année en France, victimes de la réduction progressive de la prime à la casse, tombée à 500 euros au 1er juillet.
Le marché européen devrait être "à -8%, peut-être légèrement mieux", a précisé M. Varin. Et si PSA a annoncé qu'il allait embaucher 2.000 personnes au total cette année, ces recrutements devraient tout juste compenser les départs volontaires prévus.