Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a annoncé mardi avoir avait toutes les chances de rester jusqu'à l'été 2012 à la présidence du forum de l'Eurogroupe, que plusieurs pays, dont la France, aimeraient voir toutefois se transformer à l'avenir.
M. Juncker, qui cumule les fonctions de Premier ministre et de ministre du Trésor dans son pays, dirige déjà ce forum des ministres des Finances de la zone euro depuis janvier 2005.
Il avait été reconduit en 2008 pour un mandat de deux ans s'achevant fin 2010.
Mais l'entrée en vigueur ce mardi du traité de Lisbonne a change la donne en formalisant l'existence de l'Eurogroupe, désormais inscrite dans le marbre du traité, et en fixant à deux ans et demi le mandat de son président.
M. Juncker a donc indiqué qu'il serait candidat à sa propre succession pour un nouveau mandat démarrant début 2010 et s'achevant deux ans et demi plus tard, soit fin juin 2012.
"J'ai déclaré à mes collègues que j'étais candidat à ma propre succession, il n'y a pas à ce jour d'autres candidatures", a-t-il ajouté, à l'issue d'une réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles.
"Il y a eu un large accord sur la proposition que je faisais (...) il n'y a pas eu de protestations véhémentes mais au contraire des commentaires encourageants", a ajouté M. Juncker, tout en précisant que la décision formelle serait prise en janvier prochain.
La presse italienne avait fait ces derniers mois état de l'intérêt du ministre italien de l'Economie et des Finances, Giulio Tremonti, pour la fonction. Certains médias ont aussi cité la ministre française Christine Lagarde comme possible candidate mais cette dernière a dit mardi qu'elle soutiendrait M. Juncker.
La reconduction de ce dernier, doyen des dirigeants européens en exercice, serait pour lui un lot de consolation. Il s'était porté sans succès candidat à la présidence du Conseil européen, finalement attribuée le 19 novembre au Belge Herman Van Rompuy.
Toutefois cette prolongation ne s'annonce pas comme un chèque en blanc.
La France, ainsi que d'autres pays, entend qu'il fasse davantage d'efforts pour promouvoir l'idée d'une gouvernance économique commune de la zone euro, a indiqué Christine Lagarde.
Une idée qui rappelle "le gouvernement économique de la zone euro", cher à Paris. Le président Nicolas Sarkozy promeut cette idée depuis longtemps, sans succès jusqu'ici, en raison notamment de l'opposition de l'Allemagne qui y voit une tentative pour brider l'indépendance de la Banque centrale en lui faisant contrepoids.
"Il nous paraît important d'identifier les moyens nécessaires, les objectifs du groupe, les priorités qu'on se fixe, la question notamment de la nécessité ou non d'avoir un secrétariat, d'étoffer un peu les moyens de l'Eurogroupe", a dit Mme Lagarde. "Et puis cela nous amènera à nous poser la question de politiques économiques un peu plus communes, un peu plus +eurogroupéennes+", a-t-elle ajouté.
"On a été plusieurs à demander que ces questions là soient vraiment débattues", a dit la ministre, assurant que l'Allemagne, mais aussi l'Espagne et l'Italie étaient sur cette ligne.
Elle a indiqué qu'il s'agissait de se rapprocher d'une gouvernance économique de la zone euro, tout en affirmant qu'il ne s'agissait "pas du tout d'affaiblir la BCE".