La Chine a déposé une plainte officielle contre les Etats-Unis auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), estimant "abusive" l'imposition par Washington de droits de douane supplémentaires sur ses importations de pneus, a indiqué lundi l'ambassade chinoise à Genève.
Pékin considère que les nouvelles mesures américaines constituent des "pratiques abusives" qui vont "contre les règles" du commerce international, a expliqué l'ambassade dans un communiqué.
Le porte-parole du ministère chinois du Commerce Yao Jian a également dénoncé sur son site internet des "mesures de protection contre les pneus chinois exportés aux USA" qui "violent les règles de l'OMC".
Le président américain Barack Obama a signé vendredi un décret imposant des droits de douane supplémentaires sur toutes les importations de pneus pour véhicules de tourisme et véhicules légers en provenance de Chine pour une période de trois ans afin de préserver les entreprises américaines.
Ces droits s'élèveront à 35% la première année, 30% la deuxième et 25% la troisième.
M. Obama est sous pression aux Etats-Unis pour réduire les importations grandissantes de biens chinois, qui selon certaines estimations ont conduit à supprimer 5.000 emplois.
Cette décision a provoqué la fureur de la Chine ce week-end. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a estimé dimanche que "les Etats-Unis (avaient) failli au respect de leur engagement pris au sommet financier du G20".
Ceci représente "une (forme) grave de protectionnisme qui mine les liens économiques et commerciaux sino-américains ainsi que le début de la reprise économique mondiale", avait-il insisté.
La colère est d'autant plus grande, que, selon des experts cités par l'agence officielle Chine nouvelle, ces mesures pourraient entraîner la destruction de 100.000 emplois en Chine et coûter environ un milliard de dollars à l'industrie chinoise du pneu.
Pékin a ainsi dénoncé "un très mauvais exemple" dans le contexte de crise économique mondiale.
Dans un rapport publié lundi, l'OMC a reconnu que la crise et surtout la menace grandissante du chômage maintenait très présente la tentation protectionniste, appelant les pays du G20 à "rester vigilants" face à cette menace qui risque de ralentir la reprise économique.
Cette plainte ouvre la voie à des consultations entre les deux parties qui, si elles échouent au bout de 60 jours, conduiront l'Organe de règlement des différends de l'OMC à constituer un groupe spécial chargé de statuer.