La croissance économique mondiale est encourageante, l'Europe et le Japon, montrant notamment des signes de reprise, mais les perspectives pour les Etats-Unis se sont un peu tempérées, indique le Fonds monétaire international (FMI) mardi.
Le FMI prévoit toujours 3,5% de croissance en 2015 pour l'ensemble du monde, et 3,8% pour 2016, ce dernier chiffre étant en très légère amélioration par rapport à ses dernières prévisions de janvier.
L'économie américaine ne devrait croître que de 3,1% cette année, soit 0,5 point de moins que prévu en janvier, tout comme pour 2016 (-0,2 point).
Cela est compensé par des chiffres un peu meilleurs pour la zone euro: 1,5% en 2015 (+0,3 point) et 1,6% en 2016 (+0,2 point). Le Japon aussi voit ses perspectives revues à la hausse avec 1% en 2015 et 1,2% en 2016 (+0,4 point dans les deux cas).
La chute est toutefois marquée pour la Russie dont l'économie devrait se contracter de 3,8% en 2015 et de 1,1% en 2016 alors que la Chine, à 6,8% en 2015 et 6,3% en 2016, voit ses perspectives inchangées par rapport à janvier.
Seule l'Inde décolle, avec une croissance de 7,5% tant en 2015 qu'en 2016.
"La croissance mondiale en 2015 sera conduite par un rebond des perspectives pour les économies avancées (...) en raison d'un recul des prix du pétrole", souligne le FMI dans son rapport sur les perspectives de l'économie mondiale (WEO) publié juste avant ses assemblées de printemps cette semaine à Washington.
Mais du coté des économies émergentes "le recul des prix du pétrole va fortement réduire la croissance pour les pays exportateurs, notamment ceux qui étaient déjà confrontés à des tensions géopolitiques, comme la Russie", estime le FMI.
"La volonté des autorités chinoises de réduire les vulnérabilités, nées de la croissance rapide du crédit et de l'investissement, va réduire celui-ci, notamment dans l'immobilier", poursuit le Fonds.
La baisse du prix des matières premières mais également la sécheresse et un déclin de la confiance du secteur privé vont également peser sur les économies d'Amérique latine, notamment au Brésil.
"La croissance dans les pays à faible revenu (...) devrait rester forte à 5,5% en 2015, contre 6% en 2014, et rebondir encore en 2016, en raison entre autres d'une demande plus forte de leurs partenaires commerciaux des économies avancées", souligne le rapport.
Le FMI estime aussi que, dans l'ensemble, les risques pesant sur son scénario sont moins prononcés qu'il y a un an. Pourtant, "les tensions géopolitiques, des modifications dans la répartition des actifs sur les marchés financiers et, pour les économies avancées, les risques de stagnation et de faible inflation" subsistent, ajoute l'institution.
L'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, a souligné lors d'une conférence de presse que "le risque d'une crise avec la Grèce ne pouvait être exclu" et que celle-ci "déstabiliserait les marchés financiers".
- L'effet de l'appréciation du dollar -
Le rapport attire aussi l'attention sur les fortes variations récentes sur les marchés des changes, avec notamment une nette progression du dollar.
"Le renforcement de la devise américaine implique que la plupart des pays ont enregistré une baisse plus faible des prix du pétrole comparativement au prix exprimé en dollar" qui est la monnaie utilisée sur les marchés de l'or noir.
Si ces mouvements monétaires ont plutôt un effet positif sur la croissance en redistribuant la demande entre les pays et les zones monétaires, ils présentent toutefois des risques, notamment celui de voir la dette des pays dont les monnaies se déprécient augmenter fortement, prévient le FMI.
Selon M. Blanchard, ces mouvements de change ont toutefois dans l'ensemble un effet positif pour l'économie mondiale.
Concernant la déflation, le rapport considère que cela reste une "préoccupation importante" pour la zone euro mais que la probabilité d'une telle baisse des prix est désormais inférieure à 30%.
Au sein de l'UE, "les pays avec des marges de manoeuvre limitées devraient utiliser la souplesse offerte par le pacte de stabilité et de croissance pour engager des investissements publics et des réformes structurelles afin de rééquilibrer leurs économies", souligne le Fonds. Il ajoute que si la déflation devait menacer, "un soutien budgétaire supplémentaire devrait être envisagé en complément à l'assouplissement monétaire".