La construction immobilière peine à sortir de l'ornière en France avec un faible rebond de l'activité entre mai et juillet, mais un repli toujours marqué sur douze mois qui éloigne les perspectives de sortie de crise.
Les mises en chantier de logements neufs en France ont progressé de 5,9% sur un an entre mai et juillet, selon les statistiques du ministère du Logement publiées mardi.
Leur nombre (75.081) progresse moins vite qu'au deuxième trimestre: par rapport à la même période de 2012, la hausse avait atteint 9,0% à 75.901 unités.
Sur douze mois, entre août 2012 et juillet 2013, le nombre de logements neufs mis en chantier continue à afficher une baisse marquée (-13,4%), à 301.626 unités.
Le nombre de permis de construire accordés pour de nouveaux logements neufs a pour sa part accentué son recul (-22,9%) entre mai et juillet par rapport à la même période 2012, à 89.218 unités.
Sur douze mois, la tendance est aussi à la dégradation, avec une baisse cumulée de 11,8% à 406.825 unités d'août 2012 à juillet 2013, plus accentuée encore que le recul de 9,4% (à 419.651 unités) d'août 2011 à juillet 2012.
La construction neuve représente 87% de l'offre de logements en France.
"La reprise de l’immobilier n'est pas pour demain", résume Benoît Heitz, économiste à la Société Générale, pour qui ces chiffres dressent un tableau "cohérent avec l'environnement économique et le secteur du logement neuf qui a décroché début 2012".
Si le chômage persiste, "il y a des chances pour que ça reste mal orienté encore quelques trimestres", prédit-il.
"Quand les perspectives d'emploi ne sont pas bonnes, les gens n'ont pas forcément envie de s'endetter, et s'ils ont envie de s'endetter, les banques n'ont pas forcément envie de leur prêter s'ils ne sont pas dans une situation très stable", explique l'analyste.
Pas de remontée en vue dans les mois à venir
"Et pour investir, si vous n'êtes pas certain de trouver un locataire derrière, ce n'est pas porteur non plus", ajoute-t-il, dans une allusion au nouveau dispositif fiscal Duflot permettant de bénéficier d'une réduction d'impôt en cas d'investissement immobilier locatif.
S'ajoute aussi un autre phénomène de crise qui pèse sur la demande: "des jeunes qui n'ont pas quitté leur foyer parental, des gens dont la famille s'agrandit mais qui ne vont pas déménager" pour des raisons économiques.
De fait, les ventes de logements neufs ont reculé de 9% en 2011 et de 16% en 2012. Et rien ne laisse présager une embellie: au deuxième trimestre 2013, le nombre de logements neufs mis en vente (25.100 unités) est en nette diminution (-21,8%) par rapport au même trimestre de 2012, selon des chiffres officiels publiés mardi.
Des statistiques qui "retrouvent ainsi la tendance à la baisse amorcée mi-2012", après la forte progression au premier trimestre.
Au deuxième trimestre 2013, le stock de logements neufs proposés à la vente mais qui n'ont pas trouvé preneur a atteint 101.100 unités, soit 9,9 % de plus qu'il y a un an.
Face au recul des ventes, "il est logique que les promoteurs constructeurs réduisent leurs nouveaux programmes de construction", estime Olivier Eluere, au Crédit Agricole.
Pour Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université de Paris-X, qui ne voit "pas de signe d'une remontée des mises en chantier dans les mois qui viennent", l'année devrait s'achever par "un petit 330.000 mises en chantier".