La construction de logements neufs en France a légèrement reculé au troisième trimestre malgré un faible rebond fin août, et s'inscrit toujours en net repli sur les douze mois écoulés, avec des perspectives encore sombres.
Les mises en chantier de logements neufs en France ont reculé de 0,6% sur un an entre juillet et septembre, à 76.042 unités, selon les statistiques du ministère du Logement publiées mardi.
Ce repli intervient après une légère hausse du nombre de mises en chantier entre juin et août (+2,1%) et un rebond de 8% au deuxième trimestre.
La baisse du troisième trimestre concerne principalement les logements en résidence (seniors, étudiants...) dont les mises en chantiers plongent de 30,3% alors que celles des logements collectifs progressent de 2,9%. Sur la même période, la construction de logements individuels stagne.
Sur douze mois (entre octobre 2012 et septembre 2013), le nombre de logements neufs mis en chantier est toujours en net repli (-11,1%) à 341.808 unités.
Le nombre de permis de construire accordés aux logements neufs, qui représentent les futures mises en chantier, chute de façon encore plus prononcée (-27,9%) entre juillet et septembre 2013, à 99.968 unités.
Les autorisations de construire affichent un net repli dans tous les secteurs: -40% pour les logements en résidence, -25,5% pour les logements collectifs et -28% pour les logements individuels.
Sur douze mois, la tendance reste également à la baisse, avec un repli cumulé de 16%, à 446.989 unités, entre octobre 2012 et septembre 2013 par rapport à la même période un an plus tôt.
La construction neuve représente près de 87% de l'offre de logements en France et le gouvernement vise la création de 500.000 logements par an.
Pour le reste de 2013, les perspectives restent moroses, estiment les professionnels.
Pour le mois d'octobre, les promoteurs immobiliers prévoient ainsi une demande de logements neufs "terne", "toujours dégradée", selon l'enquête de conjoncture de l'Insee.
Elections municipales de 2014
S'ils sont plus nombreux à s'attendre à une hausse des mises en chantier au quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent, les opinions positives restent très inférieures à leur niveau moyen, note l'Insee.
Pour le président du promoteur Kaufman & Broad, Guy Nafilyan, la situation est la même qu'en 2012 et se prolongera vraisemblablement en 2014, a-t-il indiqué dans un entretien aux Echos diffusé lundi.
Les ventes de logements neufs ont reculé de 9% en 2011 et de 16% en 2012.
M. Nafilyan estime que l'approche des élections municipales de 2014 contribue au blocage du marché: "on voit aujourd'hui beaucoup d'élus qui nous disent de ne pas déposer de permis de construire (...), de le déposer après les municipales. Construire, c'est toujours politiquement difficile, un chantier c'est de la poussière, c'est des nuisances".
Le Sénat a adopté en première lecture le projet de loi Duflot pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR), censé notamment dynamiser le marché immobilier.
"Globalement, les mesures qui ont été prises, pour les investisseurs, sont des mesures pour protéger les locataires, comme la GUL (Garantie universelle des loyers, NDR)", et "les mesures de fond pour relancer le logement et faire baisser les prix ne sont pas là", a commenté M. Nafilyan.
Le Sénat, qui a adopté le texte en première lecture vendredi, a décidé d'apporter des restrictions au transfert de compétence sur l'urbanisme des communes aux intercommunalités.
Il a introduit une "minorité de blocage": le transfert à l'intercommunalité ne peut pas intervenir si un quart des communes représentant 10% de la population s'y oppose.
Cet amendement est critiqué par les promoteurs, qui estiment que le PLU (plan local d'urbanisme) intercommunal est "un levier efficace pour lutter contre la crise que traverse le secteur du logement".