Louer son tracteur à la journée, faire ses achats à distance, utiliser le financement participatif ou gérer son exploitation grâce au "big data", comme les autres pans de la société, l'agriculture utilise les services numériques pour se faciliter le quotidien.
"On veut connecter tous les hangars agricoles" où sont immobilisés des tracteurs, assure Laurent Bernède président de WeFarmUp, site de location de matériels entre professionnels du monde agricole lors du Salon de l'Agriculture à Paris.
M. Bernède, agriculteur dans le Lot-et-Garonne, a eu l'idée de ce site quand il a été dû remplacer son vieux tracteur. En effet, les machines agricoles contribuent à l'endettement des agriculteurs avec des prix pour un modèle neuf pouvant aller jusqu'à 120.000 euros pour un tracteur de 200 chevaux ou 350.000 euros pour une moissonneuse-batteuse. De plus ces machines coûteuses restent inutilisées une partie de l'année.
Le site permet donc de mettre en relation ceux qui ont un engin agricole à disposition et ceux qui cherchent à en louer un. WeFarmUp prend 15% sur la transaction, s'occupe du contrat et surtout assure la machine grâce à un accord avec l'assureur Groupama.
Lancé en octobre 2015 et fort de 700 membres, WeFarmUp vient de signer un partenariat avec la coopérative Agrial qui souhaite promouvoir ce service auprès de ses 12.000 adhérents.
Les agriculteurs peuvent aussi bénéficier d'une autre tendance de l'économie numérique, le financement participatif, grâce au site MiiMOSA, exclusivement dédié à l'agriculture et à l'alimentation. Lancé fin 2014, MiiMOSA a déjà accompagné 200 porteurs de projet et collecté 1 million d'euros, selon son site internet.
Les contributeurs éventuels peuvent choisir sur le site de participer à un projet comme utiliser des chevaux de traits pour la culture de légumes ou financer un système de récupération d'eau chez un horticulteur.
- Des capteurs plein les champs -
C'est aussi pour faciliter la vie des agriculteurs que le site Agriconomie a été créé. Il rassemble sur une seule plateforme les catalogues de plusieurs distributeurs de produits agricoles pour que l'exploitant évite de se déplacer pour ses achats.
Mais le site propose aussi les services d'agronomes et techniciens agricoles qui sont disponibles 7/7 de 8h à 22h, pour répondre aux questions des agriculteurs aux horaires qui les arrangent. "Le but n'est pas de conseiller tel ou tel produit, mais d'aider le client à trouver le bon produit" assure le PDG de la start-up Paolin Pascot.
Les outils d'aide à la décision, couplés à des sondes et des capteurs, sont en effet une des principales contributions du numérique à l'agriculture. Le but : exploiter au mieux des données récoltées sur le terrain, sur le modèle du "big data" (mégadonnées).
Le logiciel libre Ekylibre, lancé en janvier 2015 par une start-up girondine promet de "gérer l'exploitation du sol au silo" en "développant des passerelles avec les objets connectés", explique Karine Cailleaux, responsable de la communication.
Ekylibre regroupe la comptabilité, la facturation et la gestion des parcelles sur un seul logiciel. Il bénéficie d'un partenariat avec les capteurs connectés Weenat qui transmettent pour chaque parcelle les données de pluviométrie, de température et d'humidité des sols et de l'air, et permettent ainsi à l'agriculteur d'optimiser son travail et ses ressources en eau ou produits phytosanitaires.
Ces capteurs utilisent le réseau radio basses fréquences de Sigfox, pépite française du numérique, pour transmettre les données et sont pourvus d'un pile d'une autonomie de cinq ans, selon Weenat.
L'initiative monpotager.com consiste elle à "impliquer les consommateurs dans la production" raconte le président du site Thierry Desforges. Les internautes sont invités à "recréer le potager de grand-mère" en choisissant les légumes à planter sur la parcelle de l'un des 30 producteurs participant.
Moyennant un abonnement mensuel, le consommateur verra ses plantes grandir jusqu'à la récolte. Là il choisira s'il veut se faire livrer toute sa production, ou la troquer contre d'autres fruits et légumes proposés sur le site.
"En plus d'avoir des produits de qualité, il y a un côté ludique et pédagogique" à suivre l'avancée des travaux de la ferme, souligne M. Desforges.