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Goodyear: la validité du plan social tranchée le 20 juin

Publié le 03/06/2013 16:00
Mis à jour le 03/06/2013 17:45

La justice s'est donnée jusqu'au 20 juin pour trancher sur la validité du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de Goodyear qui, faute de repreneur, prévoit la fermeture de l'usine d'Amiens-Nord, dont les accès ont été bloqués lundi par des salariés inquiets.

Le tribunal de grande instance de Nanterre avait été saisi en référé par le Comité central d'entreprise (CCE) du fabricant de pneumatiques et le syndicat CGT, qui souhaitent faire suspendre ce plan visant l'usine de 1.173 salariés.

Après une audience de plusieurs heures, qui s'est tenue en présence d'une cinquantaine de salariés venus en car à l'aube depuis Amiens-Nord, et vêtus de t-shirts rouges sur lesquels on pouvait lire "Goodyear, patron voyou!", le TGI a mis sa décision en délibéré.

A l'ouverture des débats, le tribunal avait refusé une demande de renvoi formulée par l'avocat du CCE Me Fiodor Rilov, qui a invoqué des "éléments nouveaux", l'avocat de Goodyear y voyant une "mascarade" destinée à gagner du temps.

Me Rilov a expliqué que le CCE n'avait pas reçu d'informations "précises, loyales et complètes" pour rendre un avis sur le projet de restructuration, notamment en ce qui concerne l'avenir de la production de pneus tourisme.

Il a notamment fustigé la présence à Amiens-Nord de pneus "made by Titan", groupe américain un temps candidat à la reprise, y voyant le signe que les relations entre les deux groupes sont plus étroites qu'ils ne veulent l'entendre.

"Les salariés sont en droit de savoir si oui ou non, l'activité va disparaître ou va être poursuivie ailleurs", a estimé l'avocat lors de l'audience, réclamant en conséquence des "explications loyales et complètes de la restructuration, de son objet et de ce que l'activité restructurée va devenir".

"Qu'est-ce qu'ils vont faire les gosses?"

"Cette information loyale, c'est ce que nous cherchons à faire depuis le début", a répliqué l'avocat de Goodyear, justifiant le projet de fermeture par le fait que le groupe était "en difficulté depuis 10 ans" et avait un "endettement considérable". Il a aussi dénoncé une "instrumentalisation de la justice".

Dans un communiqué, la direction a souligné de son côté que l'audience avait été "l'occasion de pouvoir, enfin, démontrer la régularité de la procédure d'information-consultation".

Sur la question des pneus, l'avocat a indiqué que la présence de "quelques pneus +made by Titan+ dans les stocks d'Amiens-Nord" était connue depuis un moment, précisant que ceux ci étaient fabriqués chez des sous-traitants en Turquie et Israël.

Alors que Goodyear a annoncé le 28 mai ne pas avoir trouvé de repreneur pour l'usine, l'avocat du groupe a souligné qu'il était désormais temps de "s'atteler au vrai problème", et de mettre en oeuvre les mesures du plan social, s'appuyant sur des déclarations émanant du gouvernement le matin même.

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait en effet jugé prudent, "s'il n'y a pas de repreneur", de "se préparer dès maintenant" au reclassement des salariés. "S'il s'en présente un, et nous continuons à nous battre pour qu'il y en ait, eh bien nous ferons le travail", avait-il toutefois ajouté.

Du côté des salariés, certains ont manifesté leur inquiétude et leur colère en bloquant les accès de l'usine à l'aube, plusieurs ouvriers grévistes incendiant des pneus et bloquant la circulation.

"On bloque l'usine pour défendre nos emplois", a déclaré à l'AFP Franck Jurek, secrétaire adjoint du comité d'entreprise, précisant que les pneus utilisés étaient des pneus usagés livrés par un agriculteur.

A Paris, Mickaël Wamen (CGT) a assuré à l'issue de l'audience que les salariés allaient continuer à se battre. La justice leur a déjà donné raison à deux reprises, en 2008 et 2010, en empêchant la mise en oeuvre de plans sociaux, prévoyant respectivement 402 et 817 suppressions d'emploi à Amiens-Nord.

Chez certains salariés présents à l'audience, pointait toutefois une certaine inquiétude. "On est dans la merde. Qu'est-ce qu'ils vont faire les gosses après?" s'est ainsi interrogé un conducteur de 50 ans, entré à la suite de son père dans l'usine en 1983.

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