Les accès de l'usine Goodyear à Amiens-Nord, menacée de fermeture, ont été bloqués lundi par des salariés alors que la justice examinait la validité du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) concernant le site qui compte 1.173 salariés, a constaté une journaliste de l'AFP.
Peu après 04H00, à la sortie de l'équipe de nuit, une centaine de salariés en grève se sont rassemblés devant l'entrée de l'usine où ils ont allumé un feu, ainsi qu'à l'entrée du dépôt où sont stockés les pneus fabriqués sur place, distante d'une centaine de mètres.
Un peu plus tard, les grévistes, dont certains portaient un tee-shirt rouge siglé CGT, proclamant "Goodyear patrons voyous!", ont déposé des pneus sur la route qui passe devant l'usine située dans la zone industrielle d'Amiens-Nord. Ils les ont incendiés, bloquant ainsi en partie la circulation tout au long de la journée.
"On bloque l'usine pour défendre nos emplois", a déclaré à l'AFP Franck Jurek, secrétaire adjoint du comité d'entreprise. "On fait brûler des pneus, c'est symbolique", a-t-il indiqué, précisant que les pneus utilisés étaient des pneus usagés livrés par un agriculteur.
Le tribunal de grande instance de Nanterre, saisi en référé par le comité central d'entreprise (CCE) de Goodyear, a examiné lundi la validité du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui prévoit la fermeture de l'usine, annoncée le 31 janvier par la direction de Goodyear France. Celle-ci avait indiqué le 28 mai ne pas avoir trouvé de repreneur pour le site.
Une quarantaine de salariés de Goodyear se sont rendus en car à Nanterre pour assister à l'audience du TGI qui a mis sa décision en délibéré au 20 juin.
"Pour nous, que la décision soit rendue le 20, le 18 ou le 17, peu importe. Ce qui compte c'est qu'ils soient déboutés", a commenté Mickaël Mallet, élu CGT, interrogé par l'AFP. Les salariés reprendront le travail mardi à 06H00, a-t-il précisé.
"La procédure est complètement illégale et entachée d'irrégularités", a assuré de son côté à l'AFP Mickaël Wamen, élu CGT, soulignant "les résultats exceptionnels de Goodyear au premier trimestre". "Quand on fait des bénéfices comme ça, il n'y a pas de raison de fermer une usine".
Un bras de fer oppose depuis 2007 la direction de Goodyear et les syndicats de l'usine d'Amiens-Nord. La justice a déjà à deux reprises, en 2008 et 2010, empêché la mise en oeuvre de plans sociaux, prévoyant respectivement 402 et 817 suppressions d'emploi sur le site d'Amiens-Nord.