Deux ténors du gouvernement grec, les ministres des Finances Evangélos Vénizélos et du Développement Michalis Chryssohoïdis se sont déclarés jeudi contre le projet du Premier ministre d'un référendum sur le soutien de la zone euro au pays, pour ne pas compromettre l'ancrage à l'euro.
"L'entrée de la Grèce dans l'euro est une conquête historique du peuple grec qui ne peut pas être mise en question. Ceci ne peut pas dépendre d'un référendum" a déclaré M. Vénizélos dans un communiqué diffusé jeudi matin à son retour de Cannes après la rencontre du Premier ministre grec Georges Papandréou avec les leaders européens et du FMI réunis pour le G20.
"Ce qui presse est la ratification par le Parlement de l'accord (européen) qui sort la Grèce de l'impasse," a pour sa part affirmé M. Chryssohoïdis dans une déclaration relayée par les médias. "Nous devons tous prendre nos responsabilités, le pays traverse des heures cruciales", a-t-il ajouté, à la veille d'un vote de confiance crucial pour le maintien au pouvoir du gouvernement grec.
M. Papandréou devait clarifier sa position lors d'une intervention dans la soirée au parlement dans le cadre du débat sur le vote de confiance. Mais sans attendre, un troisième ministre, Costas Skandalidis, a réclamé une réunion immédiate du groupe parlementaire socialiste, soulignant lui aussi que "la voie européenne du pays est non-négociable".
Confronté à une crise politique en Grèce et une forte opposition dans la rue aux mesures d'austérité et d'abandon de souveraineté nationale liées à l'aide financière européenne, M. Papandréou a été convoqué à Cannes par les leaders de la zone euro, qui craignaient que la tenue d'un référendum en Grèce ne mette en danger l'ensemble de la zone euro.
A l'issue de la rencontre, Georges Papandréou a confirmé que "l'enjeu" d'un référendum était "clairement" l'appartenance de son pays à la zone euro. Il n'a toutefois pas précisé l'intitulé de la question qui serait posée aux Grecs.
"Nous pouvons avoir un référendum le 4 décembre", a déclaré le Premier ministre grec à Cannes.
"L'enjeu est de savoir si nous voulons rester dans la zone euro. C'est très clair", a-t-il lancé. "Nous avons besoin d'un large consensus", et "je crois que le peuple grec veut que nous soyons un partenaire fort dans l'euro, c'est cela l'enjeu", a encore dit M. Papandréou.
Plus tôt le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel avaient sommé la Grèce de respecter ses engagements en appliquant le plan d'aide décidé la semaine dernière à Bruxelles, et de lever toute incertitude sur le référendum.
Faute de quoi, Athènes se verrait refuser l'aide financière promise par les Européens et le Fonds monétaire international, ont-ils averti.
Cette aide de huit milliards d'euros, dont le principe a été acté par les Européens, mais toujours pas par le FMI, est indispensable à la Grèce pour lui éviter la faillite dans les prochaines semaines.
Dans son communiqué, le ministre des Finances a souligné l'importance de pouvoir disposer de ces fonds "sans délai".
Cette somme constitue la sixième tranche d'un prêt de 110 milliards d'euros au total du premier plan d'aide à la Grèce décidé théoriquement pour 3 ans en mai 2010. La Grèce en a besoin pour continuer à payer ses fonctionnaires et faire face à ses prochaines échéances de remboursement de sa dette.
Selon plusieurs sources, les caisses de l'Etat grec seront vides d'ici décembre.
M. Sarkozy a prévenu que les Européens et le FMI ne pourraient pas "verser le moindre centime" à la Grèce tant qu'elle n'aurait pas "adopté l'ensemble" du plan anticrise européen et tant que "toute incertitude sur l'issue du référendum" n'aurait pas été "levée".
"Si le peuple grec dit qu'il ne souhaite pas" que son pays reste dans la zone euro, "nous le respecterons mais nous n'abandonnerons pas l'euro", a assuré la chancelière allemande Angela Merkel, lors d'une conférence de presse commune avec le président français à Cannes.
Un vote de confiance au parlement grec, réclamé par M. Papandréou, sur l'accord européen de désendettement est prévu vendredi.
Avant la déclaration de M. Vénizélos, poids-lourd du Pasok, le Premier ministre pouvait mathématiquement espérer le remporter malgré la majorité érodée dont dispose le parti socialiste au parlement (152 sièges sur 300).