Hermès s'est dit satisfait lundi de l'amende de 10 millions d'euros requise devant l'Autorité des marchés financiers (AMF) contre LVMH, accusé d'avoir manoeuvré en secret pour monter à son capital fin 2010, et il s'est dit prêt à réfléchir à des "scénarios" de sortie de LVMH.
"Nous sommes satisfaits que l'enquête de l'AMF confirme l'opinion d'Hermès, à savoir que LVMH est entré dans le capital de Hermès de manière frauduleuse. Nous sommes très confiants sur le fait que LVMH soit condamné", a déclaré à l'AFP le patron de Hermès, Patrick Thomas.
Mais "10 millions d'euros, même si c'est la peine maximale possible dans cette affaire, c'est sans commune mesure avec la plus-value indue réalisée par LVMH", qui se monte "à plus d'un milliard d'euros", a-t-il ajouté.
"Ils ont fait un profit indu sur le dos des 28% d'actionnaires minoritaires de l'époque, en 2008. Si les actionnaires de Hermès avaient su que LVMH était à l'attaque, ils n'auraient pas vendu", a affirmé M. Thomas.
Vendredi, le collège de l'AMF a requis une amende de 10 millions d'euros contre LVMH pour avoir masqué sa montée au capital de Hermès dans sa comptabilité et n'avoir pas informé le marché qu'il préparait une telle opération, annoncée en octobre 2010.
Interrogé sur le fait que LVMH puisse vendre sa participation dans Hermès -- une éventualité soulevée par le vice-président de LVMH, Pierre Godé, devant l'AMF vendredi --, M. Thomas y a vu une possible "déclaration d'intention de sortie".
"Nous ferions alors tout ce que nous pourrions pour que le processus de désengagement se fasse dans le respect des intérêts de la société et de ses valeurs, de ses salariés et de ses actionnaires", a-t-il dit.
La famille Hermès détient 72% du capital, LVMH 22,6%. Devant l'AMF, Pierre Godé avait déclaré vendredi: "nous n'avons pas exclu de revendre notre participation. C'est toujours une possibilité. Je ne vous dirai pas ce qu'on a en tête".
Hermès a par ailleurs lancé une action en justice contre LVMH, pour délit d'initié et manipulation de cours, deux griefs non retenus par le collège de l'AMF. Une information judiciaire est en cours.
"Nous concentrons aujourd'hui nos efforts sur la procédure pénale qui tend à faire déclarer frauduleuses les opérations réalisées par LVMH sur les titres Hermès. Le but ultime d'Hermès est de faire annuler la conversion des swaps (contrats de produits financiers dérivés) qui ont permis à LVMH d'acquérir 12% d'Hermès", a dit M. Thomas.