Un an pile après sa visite à la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime) comme candidat à la présidentielle, François Hollande a rencontré samedi dans l'Eure les salariés de l'entreprise qu'il a tenté de rassurer sans rien leur promettre.
L'Etat est "au côté" des salariés, "l'Etat fera son devoir mais l'Etat ne peut pas être le repreneur", a déclaré le président de la République, après avoir rencontré pendant trois quarts d'heure l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC de l'entreprise, à la mairie de Val-de-Reuil (Eure).
Le 5 janvier 2012, le candidat socialiste avait appelé l'Etat à prendre ses responsabilités pour Petroplus se demandant "où est le gouvernement, où est le président de la République?"
Placée en liquidation judiciaire depuis, la raffinerie de 470 salariés est aujourd'hui à la recherche d'un repreneur, avec une date butoir fixée au 5 février. Trois dossiers de reprise ont été déposés.
Il ne faut "pas promettre ce qu'on ne peut pas tenir", a poursuivi M. Hollande mais "tous les pouvoirs publics sont mobilisés pour qu'à partir des choix qui nous sont présentés, nous puissions en dégager un qui donne de la garantie et de la pérennité" à l'activité.
Même si la situation n'est pas la même, "nous avons le même devoir qu'à Florange: une solution industrielle pérenne", a-t-il souligné. Il a également estimé que Shell, exploitant de la raffinerie pendant 80 ans avant de se désengager en 2008, devrait prendre sa part "de responsabilité", notamment dans "la dépollution" du site.
Dans les pas de Mendès France
M. Hollande, qui a visité une exposition à Louviers sur l'ancien président du Conseil Pierre Mendès France, a voulu s'inspirer de cette figure de la gauche "qui était connue pour dire la vérité même quand elle était difficile et pour faire des choix courageux".
Se félicitant que le chef de l'Etat ait pris "l'engagement de tout faire pour faire avancer" les possibilités de reprise, le porte-parole de l'intersyndicale Yvon Scornet a noté qu'il n'avait "pas les mêmes relations" avec son prédécesseur Nicolas Sarkozy. "Mais ça ne nous empêche pas de taper du poing sur la table", a-t-il prévenu.
Dans l'entourage du chef de l'Etat, on souligne que le dossier est suivi de près par l'exécutif. Les syndicats ont ainsi été reçus le 19 octobre à l'Elysée, cinq réunions ont eu lieu à Matignon et un suivi hebdomadaire est assuré par le cabinet d'Arnaud Montebourg (Redressement productif), détaille-t-on. Selon l'Elysée, les difficultés du site de Petit-Couronne résultent de "sa petite taille et sa vétusté" comme pour beaucoup d'autres raffineries.
L'entreprise, qui a accumulé un déficit de 25 millions d'euros depuis 6 mois, a été placée "sous cocon" (arrêt de l'activité mais qui permet un redémarrage) depuis le 15 décembre, précise-t-on.
L'intersyndicale réclame dans l'immédiat trois mois supplémentaires à la justice avant de statuer sur la fermeture ou pas de l'entreprise, le temps d'examiner les offres de reprise.
Au surlendemain de la grande opération de mobilisation du gouvernement autour de la relance de l'emploi en 2013, le président de la République a affirmé sa volonté d'être aux avant-postes.
"Aujourd'hui je dois encore être davantage présent sur le terrain national et je dois montrer l'exemple, je suis le premier responsable", a-t-il affirmé en présence des trois ministres qui l'accompagnaient: MM. Montebourg, François Lamy (Ville) et Laurent Fabius (Affaires étrangères), venu en tant qu'ancien député de Seine-Maritime.
Et de marteler : "Ce qui va ou ne va pas, c'est au président de la République de l'assumer. Et donc je ne délègue à personne d'autre cette responsabilité d'assumer devant les Français la politique que je conduis".